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Début 2022, Agathe MONPAYS (diplômée du Programme Grande École en 2016) profitait de son congé maternité dans le Nord de la France… Imaginait-elle être un an plus tard à la tête de Leroy Merlin Grèce & Chypre ? Découvrez son témoignage qui rappelle l’importance de savoir saisir les opportunités…

Vous souvenez-vous du jour où l’on vous a proposé de devenir Directrice Générale de Leroy Merlin Grèce et Chypre ?
Il faut m’imaginer enceinte de sept mois, avec une organisation de reprise bien structurée dans le Nord. La direction m’a invité à réfléchir à mon avenir… à l’international. J’en ai discuté à la maison, j’ai échangé avec des expatriés, cela a même occupé mes nuits. Quelques jours plus tard, l’offre était plus précise : diriger Leroy Merlin en Grèce et à Chypre ! Je ne m’attendais en rien à une telle opportunité, mais je sais que le Groupe ADEO s’est construit sur sa capacité à entreprendre et à faire confiance. J’en ai fait l’expérience pendant six ans durant lesquels je pense avoir occupé des fonctions sérieuses sans me prendre au sérieux. Je me suis renseignée sur le pays, le job, les équipes, avec un mélange de fierté et d’excitation. Avec mon conjoint, nous avons passé quelques soirées à en discuter et à explorer nos doutes, avant de répondre un grand « OUI ».

Comment avez-vous appréhendé cette nouvelle vie ?
Il a fallu en parallèle mettre un terme à mon poste à Tourcoing, me préparer à l’accouchement et à la vie de maman, mais aussi commencer à me projeter sur un nouveau pays, un nouveau poste et une nouvelle langue ! J’ai d’abord réalisé un voyage de reconnaissance à Athènes (en avril sous la neige !) pour confirmer que l’environnement nous permettrait de nous épanouir en famille. Quelques semaines plus tard, nous voici à l’aéroport avec trois valises, une poussette, un chien et le guide du routard en poche. Tout s’est ensuite enchaîné : trouver une nounou, un supermarché, une pompe à essence, réaliser les démarches administratives accompagnée par mon entreprise, rencontrer notre propriétaire, les voisins, etc. Nous avons reçu un accueil particulièrement chaleureux de la part de la population locale : cela nous a permis de nous installer en toute sérénité.

En quoi consiste votre mission et comment avez-vous pris vos marques dans vos nouvelles fonctions ?
J’ai aujourd’hui la responsabilité de huit magasins et du fonctionnement de nos services supports. J’ai pour habitude de dire que mon rôle est de faire fructifier les trois patrimoines qui m’ont été confiés : nos 1 300 collaborateurs, les habitants qui sont nos clients potentiels, et notre patrimoine économique. Je suis arrivée sans idées préconçues, avec l’envie de découvrir et d’écouter. J’ai passé beaucoup de temps en magasin, j’ai rencontré individuellement chacun des collaborateurs pour briser la glace et comprendre leur quotidien. J’ai aussi rendu visite à des habitants pour connaître les attentes de nos clients, mais aussi nos concurrents pour mieux saisir les particularités du marché.

Qu’avez-vous compris en rencontrant vos salariés ?
Qu’il allait falloir s’adapter aux réalités locales, notamment en termes de management. En Grèce, il n’est par exemple pas rare de vivre chez ses parents jusqu’à 30/35 ans. Dans ce contexte, la notion de premier emploi, de salaire et de carrière a des enjeux différents de ce que nous connaissons en France. Idem pour le rapport à la hiérarchie. Il est indispensable de prendre le temps de l’intégrer pour créer un climat de confiance, découvrir en profondeur les attentes des équipes et quel projet commun bâtir avec elles. Dans mon comité de direction, je veille d’ailleurs à la multiculturalité pour toujours rester connectée aux réalités locales et mieux relever les projets et défis qui nous attendent.

Quels types de défis ?
Nous avons de nouveaux projets liés à l’aménagement du jardin, mais aussi à l’amélioration de l’habitat en intégrant le sujet des économies d’énergie. La Grèce vient par ailleurs de battre son record historique en matière de tourisme et nul doute que les habitants auront à cœur de faire évoluer leurs logements en ce sens : nous souhaitons bien entendu être à leurs côtés. D’un point de vue personnel, tout est à construire puisque je viens de rejoindre le navire. Je compte consolider mon équipe et nos organisations pour être en mesure de proposer des solutions toujours plus adéquates aux besoins des habitants Grecs et Chypriotes, mais aussi de nos 1 300 collaborateurs. Il n’y a qu’ensemble que nous y parviendrons.

Qu’aimez-vous particulièrement en Grèce où vous vivez depuis septembre ?
J’adore le mindset : ici on choisit de prendre le temps, de s’intéresser aux autres, d’être généreux, mais aussi résilient, d’accepter les crises et de les traverser. Je ne vis pas en ville, mais au Nord d’Athènes en pleine montagne et il y a beaucoup de choses à faire : aller voir les cerfs, déjeuner les pieds dans l’eau ou tester les tavernes locales, par exemple. Bien entendu, ma famille me manque mais pas seulement : c’est mon premier hiver sans fondue savoyarde !

Faites-vous attention à la question de l’équilibre hommes / femmes en tant que directrice d’entreprise ?
J’ai eu la chance d’évoluer dans un Groupe qui laisse sa chance et sa place à tous, peu importe son âge et son sexe. Je n’ai pas eu à me battre pour faire entendre ma voix de « femme » ou de « jeune ». Chez ADEO, on estime que si quelqu’un a quelque chose d’intelligent à dire, quel que soit son job ou son profil, il ne faut pas hésiter à le faire. C’est à nous, managers, d’être à l’écoute des besoins spécifiques de nos collaborateurs, puis de les impliquer dans la construction de leur propre équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Cela nécessite parfois de bousculer les idées reçues, de changer nos repères et nos organisations, mais je suis persuadée que nous avons tous à y gagner.

Comment parvenez-vous à trouver ce fameux équilibre ?
La clé est la connaissance de soi : les limites de l’un ne sont pas celles de l’autre et il faut être capable de s’écouter pour trouver un juste milieu entre un agenda chargé et une forme de lâcher prise. Mon quotidien de maman et de Directrice Générale est en effet exigeant, mais j’ai la chance d’être épanouie dans ce que je fais. Cela permet de traverser plus facilement des moments parfois complexes.

Un conseil pour tous ceux à qui l’on proposerait une opportunité inattendue ?
Foncez ! Il y a un an, je n’aurais jamais imaginé quitter mon cocon nordiste pour une aventure aussi passionnante. Aujourd’hui, j’ai pris conscience de la richesse qu’apporte une telle expérience dans une carrière mais surtout dans une vie. Il faut savoir saisir les opportunités, sauter (avec un parachute) et profiter du vol.

Cet article a été rédigé par Luna Créations pour le magazine IÉS #15, le magazine de IÉSEG Network, l’association des diplômés de l’École.