Après dix ans dans différentes Directions du secteur Retail (Tape à L’Oeil, Jules), Christelle Herbelin rejoint en 2013 le cabinet Keyman en tant que Directrice Commerciale. Six ans plus tard, elle en devient la Directrice Associée.
Son parcours au sein du cabinet encourage ses co-associés, la Présidence et le Conseil Keyman à lui confier le rôle de Directrice Générale en novembre 2021. Femme engagée et tournée vers les autres, Christelle parraine également l’association Crystalkids et accompagne l’École de la Deuxième Chance.
[Histoire de Diplômée] Christelle HERBELIN, Directrice Générale de Keyman : le numérique, allié des entreprises ?
Pointées du doigt par certains comme la cause de nombreux maux du monde professionnel, les nouvelles technologies sont présentées par d’autres comme la solution à toutes les problématiques contemporaines. Où se situe vraiment la vérité ? Pile au milieu, pour Christelle HERBELIN (diplômée du Programme Grande École en 1997), Directrice Générale du cabinet de recrutement Keyman, qui rappelle que comme tous les outils, ses utilisateurs restent les seuls décideurs. À quel point le numérique a-t-il transformé son activité, les attentes de ses clients mais aussi celles des plus jeunes générations au cours des dernières années ? Éléments de réponse.
Que faut-il retenir à propos du cabinet Keyman ?
Depuis 2004, Keyman est un cabinet de recrutement de cadres et de dirigeants multi-spécialiste dont la raison d’être est « ensemble, conjuguons stratégie et talents ! ». Répartis entre quatre bureaux (Lille, Paris, Nantes et Lyon), nos consultants experts métiers développent et agissent sur les leviers de croissance des entreprises grâce aux talents qu’ils recrutent. Nous offrons à nos candidats et à nos clients une expérience sur-mesure basée sur l’écoute et l’authenticité. Par ailleurs, nous faisons partie de Batka, une communauté de dix entreprises RH rassemblées pour offrir les conseils et les services les plus pertinents.
L’informatique et le numérique ont fortement évolué au cours de la dernière décennie. comment vos clients ont-ils vécu cette situation ?
La technologie a bousculé la manière d’exercer de nombreux métiers, et des soft skills qui n’étaient pas demandées il y a quelques années sont devenues indispensables. Ce bouleversement exige toujours plus d’agilité et de curiosité de la part des entreprises et de leurs collaborateurs. Tout va plus vite, la réactivité est le maître-mot. Cela engendre davantage de complexité et de paramètres à gérer dans un écosystème en constante évolution. Dans un tel contexte, les technologies de l’information (IT) sont désormais au centre de la stratégie globale d’une entreprise : en quelques années, on est passé d’un centre de coûts qui répond à un besoin, à une fonction indispensable pour se démarquer de la concurrence.
Comment cela s’est-il traduit dans les entreprises ?
L’IT est devenu un moteur et un initiateur de changement. Autrefois, l’IT s’adaptait aux métiers. Aujourd’hui, ce sont les métiers qui s’organisent autour d’un IT puissant et innovant. Ce changement de paradigme a eu un impact sur l’organisation des entreprises et sur les activités de l’IT qui sont désormais orientées business. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on voit autant de CIO venir de ce secteur plutôt que d’école d’ingénieurs ou d’informatique. les diplômés de l’IÉSEG y ont donc un véritable rôle à jouer…
Quels sont les postes les plus demandés actuellement ?
En sortie d’études, les postes de Scrum Master, de Product Owner ou ceux liés au trafic management sont pénuriques : il y a beaucoup d’offres mais peu de profils formés à l’agilité précédemment évoquée. Il existe heureusement de nombreuses formations complémentaires aux études sur ces métiers qui évoluent très vite. La clé est plus que jamais la curiosité et la capacité d’apprendre et de développer une expérience, tout en gardant une véritable prise de hauteur et une compréhension des enjeux. Les diplômés IÉSEG ont donc toute leur place dans ces domaines ; en combinant exigence sur les matières scientifiques et une ouverture sur le monde, l’École forme des profils particulièrement attractifs pour les entreprises : des candidats capables d’utiliser leur cerveau gauche (rigueur, esprit analytique) et leur cerveau droit (relationnel, créativité) !
On pointe souvent du doigt le numérique comme responsable de la disparition de certains métiers. Quel est votre point de vue sur le sujet ?
Le numérique permet d’automatiser de nombreuses tâches répétitives et peu complexes. Cela a indéniablement un impact sur certaines professions qu’il faut accompagner à travers des formations adaptées. Dans les métiers que nous recrutons, le bilan est positif puisque les collaborateurs peuvent se concentrer sur des missions à forte valeur ajoutée. Ces évolutions transforment les tâches et compétences attendues, mais pas la raison d’être et les missions d’un poste. En d’autres termes, si la data et l’IA bouleversent bel et bien beaucoup de choses et demandent sans cesse de s’adapter et se renouveler, rien ne remplace pour le moment les compétences humaines attendues au XXIe siècle par les entreprises et leurs clients. Dans le recrutement, nous les appelons les 4 C : Curiosité, Créativité, Coopération et Communication. Face à ces enjeux, les ressources humaines jouent un rôle essentiel pour expliquer ces transformations, les nouvelles attentes et accompagner les collaborateurs. Il faut de la pédagogie et de la transparence : le numérique est tout sauf un ennemi, c’est un allié de taille.
Quelles grandes tendances observez-vous aujourd’hui ? Comment les nouvelles technologies affectent-elles votre activité ?
Les entreprises vivent actuellement une grande vague de démissions et un désengagement des jeunes générations vis-à-vis du monde du travail. Des phénomènes post crise du COVID qu’il est impératif de prendre en compte dès aujourd’hui. Pour une partie des digital natives, « réussir sa vie » rime désormais avec « vivre sa vie » : charge à nous et au monde de l’entreprises de nous adapter et de nous remettre sans cesse en question pour répondre à ces nouvelles aspirations. Il faut à tout prix éviter de créer une forme de rupture technologique puisque ces générations ont des compétences très recherchées. On a souvent dit que le numérique créait de la distance entre les gens ; je pense l’inverse. Il nous permet de connaître davantage nos candidats, de multiplier les échanges avec eux à travers différents outils pour mieux comprendre leurs attentes et leurs ressorts profonds, au-delà de leurs compétences. Nous sommes ensuite là pour accompagner leur potentiel et leur permettre de l’exprimer dans l’entreprise adéquate.
Comment imaginez-vous l’avenir du monde professionnel ? Risque-t-on de tous finir à la maison à travailler ensemble par écran interposé ?
Selon l’OCDE, en 2035, un jeune de moins de 30 ans exercera une moyenne de 13 métiers au cours de son parcours professionnel. On ne risque donc pas de s’ennuyer, côte recruteurs ! Pour le reste, il est difficile de faire des projections : le COVID a accéléré de nombreuses tendances mais nous sommes selon moi encore dans une phase d’excès inverse qui va se réguler : l’Homme est un animal social, nous aurons toujours besoin de relations humaines et d’échanges à la machine à café…
Parcours
Cet article a été rédigé par Luna Créations pour le magazine IÉS #14, le magazine de IÉSEG Network, l’association des diplômés de l’École.