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Payzan : du champ de soja à la conquête des papilles

Puisant son origine au cœur d’une ferme familiale, Payzan est née de la volonté de valoriser la culture locale du soja. Fondée par Tristan FERTÉ, diplômé de l’IÉSEG, son frère Aymeric et sa belle-sœur Margot, cette entreprise artisanale se distingue par ses créations originales pour l’apéritif. Récompensée par le Prix de l’Entrepreneur IÉSEG 2024, Payzan aspire à étendre son territoire tout en restant fidèle à ses racines locales.

Pour commencer, pourrais-tu nous parler un peu de la genèse de Payzan ?

Pendant mes études à l’IÉSEG, j’ai suivi la majeur en Entrepreneuriat du Programme Grande École et j’ai commencé à entreprendre directement en parallèle de mes études. J’ai d’abord créé une marque d’affiches décoratives, puis une autre sur le thème de la cuisine. En parallèle, mon frère et ma belle-sœur ont repris la ferme familiale, ce qui a initié notre réflexion sur la valorisation des productions agricoles de la ferme. Nous faisions déjà pousser le soja depuis trois ans, donc nous avons décidé de nous orienter vers cet aliment original, encore assez peu exploité par les producteurs bio et français. Cette légumineuse est très intéressante en termes de qualités nutritionnelles, notamment pour ses protéines, mais aussi pour le côté agronomique car c’est un élément-clé dans la rotation des cultures.

C’est ainsi qu’est née l’idée de Payzan, qui est avant tout une aventure familiale. Nous nous concentrons sur la production de tartinables et de graines grillées à base de soja, qui sont des produits destinées à être dégustés au moment de l’apéritif. Nous avons choisi ce segment car il nous donnait plus de liberté quant à la création de recettes originales et peu conventionnelles. Les consommateurs ont plus de facilité à tester et découvrir des produits différents de leurs habitudes lors d’un apéritif plutôt que pendant un repas classique.

Cette année, vous avez remporté le Prix de l’Entrepreneur IÉSEG. Un coup de pouce pour Payzan ?

En effet, nous avons été sélectionnés pour la finale où nous avons pitché devant un jury composé d’une dizaine de personnes. Je dois dire que j’étais plutôt satisfait de ma prestation et en sortant, je me suis dit que je n’aurais pas pu faire mieux ! Nous n’avions jamais remporté de concours auparavant. Donc, je ne m’attendais pas vraiment à gagner. Finalement, nous avons remporté le Premier Prix ! Cela a été une excellente nouvelle et un sentiment de fierté pour nous. La dotation de 8 000€ représente beaucoup pour une petite entreprise comme la nôtre et nous donne un sérieux coup de pouce. Mais surtout, c’est très gratifiant de voir que notre projet et notre capacité à subvenir à nos besoins par le biais de l’entreprise sont reconnus et récompensés par des prix comme celui-ci. Ces fonds vont nous permettre d’accélérer notre développement. Nous avons déjà recruté un stagiaire qui s’occupera de la partie marketing, et nous envisageons également de recruter un autre stagiaire sur la partie commerciale. Cela va vraiment nous aider à dynamiser notre croissance.

Comment envisagez-vous l’avenir de Payzan ?

Nous avons pour ambition de développer davantage notre gamme de produits en collaborant avec d’autres agriculteurs locaux. Nous souhaitons également renforcer notre présence sur le marché et de plus sensibiliser les consommateurs aux bienfaits du soja. À terme, nous espérons faire de Payzan une référence dans le domaine de l’apéritif, tout en contribuant à la valorisation des productions agricoles locales et à la juste rémunération des agriculteurs.

D’autre part, nous allons prochainement lancer 6 nouvelles recettes apéritives, notamment à base de champignons, courgettes, aubergines, poivrons, pois et asperges. Nous misons beaucoup sur ces saveurs surprenantes tout en privilégiant des ingrédients locaux, que nous sourçons dans un rayon de 100 kilomètres autour de la ferme. Cette année, nous allons vraiment au bout de notre initiative tout en restant accessibles en termes de prix pour nos clients.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton rôle chez Payzan ?

Ce que j’apprécie particulièrement, c’est cette diversité des tâches. Chaque semaine est différente : de la formulation de nouveaux produits à la création des étiquettes, en passant par la gestion des réseaux sociaux et du marketing, ainsi que la partie commerciale. Cette polyvalence me permet d’apprendre dans de nombreux domaines différents et de ne jamais m’ennuyer. J’aime cette variété.

Est-ce que Payzan restera « local » ou envisagez-vous une expansion ?

Pour l’instant, notre distribution se concentre principalement sur un triangle entre Paris, Lille et Reims, avec quelques points de vente en dehors de cette zone. Notre stratégie est de valoriser notre aspect local et agricole, c’est ce qui nous différencie sur le marché. Nous cherchons d’abord à saturer cette zone avant de penser à une expansion plus large. À long terme, nous envisageons éventuellement de développer une marque commune avec des productions d’autres régions pour renforcer notre présence sur le plan national, tout en restant fidèle à la notion de proximité entre consommateurs et producteurs.

Quel est le plus gros défi pour Payzan aujourd’hui ?

Le plus gros défi, c’est de se faire connaître et d’être présents dans un maximum de points de vente pour augmenter nos volumes de vente et, ainsi, notre rentabilité. Cela nécessite une bonne visibilité. C’est un défi de taille, surtout avec des moyens limités. Nous travaillons sur notre image de marque, mais cela prend du temps. Faire connaître nos produits et être disponibles dans plus de points de vente est donc notre principal objectif.

Et comment gérez-vous la demande grandissante ?

Pour l’instant, nous avons encore de la marge en termes de production. Nous avons déjà anticipé la croissance en développant des partenariats avec d’autres agriculteurs prêts à nous suivre dans notre expansion. Nous travaillons également avec des sous-traitants de production, ce qui nous permet de gérer notre croissance de manière efficace.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG