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Faculty in the Spotlight: Ana CAMARGO, professeure de Ressources Humaines et Leadership

Ce mois-ci, rencontre avec Ana CAMARGO, professeure de Ressources Humaines et Leadership, sur le campus de Paris.

S’appuyant sur plus de 700 professeurs, dont 200 enseignants-chercheurs permanents, l’IÉSEG propose à ses étudiants une expérience d’apprentissage de grande qualité, reposant sur 4 piliers : un apprentissage actif, interdisciplinaire, centré sur l’acquisition de compétences, proposé à travers des cursus personnalisés. 

Chaque mois, “Faculty in the Spotlight” vous donne rendez-vous avec l’un des professeurs de l’École qui présente sa vision de l’enseignement, ses méthodes pour transmettre son expertise et sa passion aux étudiants et partage ses meilleurs souvenirs et anecdotes à l’IÉSEG. 

Ana, quel est votre parcours ?

Je suis née à Bogota, en Colombie, et quand j’avais six ans, j’ai déménagé avec ma famille à Miami. C’est une ville très multiculturelle, donc j’ai grandi entourée de personnes venant d’Australie, Espagne, Irlande, Argentine, Colombie, Suède… Nous avons déménagé à multiples reprises quand j’étais enfant, et ce, jusqu’au lycée… environ 20 fois, je dirais. Ainsi, bouger et rencontrer de nouvelles personnes de cultures et d’horizons différents était la norme pour moi. Après le lycée, je voulais aller en France car j’étais très curieuse de la langue, de l’histoire et de la gastronomie aussi ! Donc, je suis arrivée en France et j’ai fait une licence en psychologie à Grenoble. J’ai complété ma licence par un master en psychologie du travail, à l’université Paris Descartes. Ensuite, j’ai fait un doctorat en créativité et psychologie et j’ai commencé à enseigner en même temps. Après avoir terminé mes études, j’ai travaillé dans une entreprise pendant un petit moment mais j’ai rapidement réalisé que l’enseignement me manquait. Je me sens utile quand j’enseigne et cela me procure une grande satisfaction de voir quelqu’un comprendre ce que j’explique. Me sentir utile est primordial pour moi. Alors, j’ai cherché un poste en recherche et enseignement et j’ai rejoint l’IÉSEG en 2022.

Qu’enseignez-vous à l’IÉSEG ?

J’enseigne principalement des cours liés au leadership et aux ressources humaines. Les cours liés au leadership sont donnés aux étudiants de master dans le cadre du Programme Grande École. C’est très intéressant car nous nous intéressons à ce qu’est le leadership et comment devenir un leader. Nous regardons également comment le leadership varie en fonction de l’environnement culturel dans lequel nous nous trouvons. Ces cours sont d’autant plus pertinents pour les étudiants qui souhaitent partir à l’étranger ou qui vont travailler dans une entreprise internationale où ils devront gérer des équipes multiculturelles.

En ce qui concerne la partie Ressources Humaines, j’enseigne deux cours. L’un d’eux est destiné aux étudiants de deuxième année de Bachelor in International Business. J’apprécie vraiment ce cours car la plupart des étudiants sont internationaux et je me sens vraiment chez moi avec tant de nationalités différentes réunies ! Dans les cours de Ressources Humaines, nous nous concentrons essentiellement sur la manière dont une entreprise peut et doit se préparer à accueillir un nouvel employé de A à Z. Nous analysons donc tous les différents postes qui seront nécessaires dans l’entreprise, comment déterminer qui fait quoi, combien payer chaque personne dans différents postes, comment évaluer les performances… Et un autre cours est dédié à la gestion internationale des ressources humaines pour les étudiants de première année de master. Nous couvrons des sujets similaires appliqués spécifiquement aux entreprises multinationales.

Je pense que la plupart de nos étudiants aspirent à devenir managers, il est donc essentiel pour eux de savoir à quoi ressemblent les bonnes pratiques de management. Je veux qu’ils voient le cours comme une boîte à outils, où ils peuvent trouver différents styles de leadership et des conseils utiles, et choisir ce qui fonctionne pour eux et leur propre style personnel. Je pense que cela peut également être très utile pour eux, en tant que futurs employés, de savoir comment tout cela fonctionne.

Avez-vous remarqué une évolution dans les méthodes d’enseignement au fil du temps ?

Par rapport à mes débuts en enseignement en 2016, je dirais que nous mettons maintenant vraiment l’accent sur l’importance de la pensée critique des étudiants. Il ne s’agit plus de venir en cours, d’écouter un cours magistral, de prendre des notes, puis de passer un examen final pour évaluer les connaissances acquises. Je pense qu’avec l’intelligence artificielle, demander aux étudiants d’écrire quelque chose sur un sujet donné n’est plus pertinent. Ma façon de m’assurer qu’ils ont compris un concept en classe est de leur poser des questions en direct et de leur demander d’expliquer un concept de manière très claire et simple, comme si j’étais un enfant de 7 ans.

Une anecdote à partager ?

Au début de l’année académique, je dis à mes étudiants que le respect des autres et la valorisation de leur temps sont essentiels. Au début, quand un étudiant était en retard, je n’étais pas à l’aise avec ça. Alors, j’ai mis en place une règle de base : si la porte est fermée, cela signifie que vous êtes en retard. Si vous êtes en retard, vous êtes autorisé à entrer seulement si vous apportez des chocolats pour tout le monde dans la classe ou si vous racontez une blague qui fait rire tout le monde, sinon vous n’êtes pas autorisé à entrer. Je pense que cette règle donne le ton pour mon cours : nous sommes là pour apprendre tout en nous amusant, mais nous devons toujours rester respectueux les uns des autres. La première semaine, j’ai généralement des tonnes de chocolat sur la table, mais après cela… les étudiants sont à l’heure.

Quels sont vos points forts selon vos étudiants ?

Les étudiants apprécient que je leur donne des retours sur leurs devoirs. Et j’essaye de rendre cela aussi amusant que possible. Je ne donne pas de feedback théorique, mais plutôt des conseils utiles qu’ils pourraient réellement appliquer une fois qu’ils commenceront à travailler dans une entreprise.

L’autre aspect qu’ils semblent apprécier est que je ne mets pas beaucoup de distance en tant que professeure. Au contraire, je dirais que je suis très accessible, et je mets fortement l’accent sur le fait qu’il n’y a pas de honte à poser des questions, il n’y a pas de questions bêtes.

Comment encouragez-vous l’engagement des étudiants ?

Bien sûr, j’utilise des études de cas et j’invite des entreprises à faire des présentations en classe. Mais globalement, je dirais que je suis très « old school ». J’ai donc une grosse balle en mousse jaune appelée Sally, que j’apporte en classe. Et parfois, je lance Sally dans la classe et je leur dis “Sally est curieuse aujourd’hui. Elle veut obtenir plus de réponses de votre part”. Alors j’essaye de rendre cela interactif. Plutôt que d’être très technologique, je suis très « old school ». Parfois, Sally est hyperactive et elle veut interagir avec beaucoup d’étudiants. Parfois, Sally est calme. Je pense que cela aide à motiver les étudiants à participer davantage et à enlever la peur de faire une erreur ou de donner la mauvaise réponse. C’est une façon de créer une atmosphère détendue et amusante.

Mettez-vous en place des choses en particulier pour soutenir les étudiants dans leur apprentissage ?

Je dirais que cela dépend du cours, mais par exemple, dans le cours de leadership, il y a des séances de coaching et dans ces séances de coaching, je dis aux étudiants de suivre ce cours, en espérant qu’ils ne voient pas ça seulement comme une note dans le semestre, mais aussi comme quelque chose qui sera utile, pour eux après l’IÉSEG. C’est généralement un moment où ils demandent des conseils sur leur carrière, ce qui est également gratifiant pour moi car cela montre qu’ils me font confiance. Ils me posent des questions comme : “devrais-je choisir cette entreprise ou celle-là ? Que recommandez-vous ? Quels sont les avantages et les inconvénients de ces options ?” C’est valorisant de voir qu’ils souhaitent avoir mon avis. Beaucoup d’étudiants qui suivent des cours de RH me disent à la fin du semestre qu’ils pensaient que les RH se limitaient à embaucher et licencier des gens… mais après le cours, ils voient que c’est bien plus que cela. Cela me plaît de savoir que je les aide à prendre des décisions éclairées pour leur futur professionnel.

Comment s’est passée votre expérience à l’IÉSEG jusqu’à présent ?

Mon expérience ici a été encore meilleure que ce que j’imaginais. C’est un environnement très accueillant, et mes collègues viennent du monde entier, ce qui est enrichissant. En ce qui concerne les étudiants, j’essaye d’apporter d’ajouter des aspects culturels dans mes cours pour encourager l’appréciation et la compréhension entre les étudiants. C’est aussi une opportunité d’apprendre les uns des autres, surtout dans les cours où il y a beaucoup d’étudiants internationaux. L’humour ne se traduit parfois pas d’une langue à l’autre. Alors, j’aime demander aux étudiants de m’envoyer une expression venue de leur culture propre, par exemple, et je leur demande de deviner ce que chaque expression signifie et de quel pays elle provient.

Quel est votre domaine de recherche ?

Mes recherches portent sur la manière de rendre les gens créatifs au travail, que ce soit individuellement ou en équipe. J’explore différents “déclencheurs” qui peuvent améliorer la créativité, comme les interactions culturelles, l’utilisation des langues et les expériences sensorielles. Je mène donc des recherches axées sur la créativité au global et plus particulièrement, sur la façon dont les gens peuvent être plus créatifs au travail. Un aspect que je mets en avant est le rôle de la culture. Par exemple, dans une expérience, j’ai demandé aux participants de penser à différentes façons d’utiliser une bouteille d’eau, en alternant les langues entre le français et l’anglais. Ceux qui changeaient de langue entre les idées se montraient plus créatifs. Cela démontre comment le mélange de différentes langues et cultures peut augmenter la créativité. Je crois que l’interaction avec différentes cultures, même si l’on n’a pas vécu à l’étranger, nous permet de voir la même situation sous différents angles, enrichissant ainsi notre expérience et élargissant notre esprit. Ayant interagi avec de nombreuses personnes de diverses cultures, je vois que nous pouvons accomplir de grandes choses ensemble car nous percevons le monde différemment et nous nous concentrons sur différents aspects.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG