“Faculty in the Spotlight” avec Frank GOETHALS, professeur en management des systèmes d’information
S’appuyant sur plus de 700 professeurs dont 186 enseignants-chercheurs permanents, l’IÉSEG propose à ses étudiants une expérience d’apprentissage de grande qualité, reposant sur 4 piliers : un apprentissage actif, interdisciplinaire, centré sur l’acquisition de compétences, proposé à travers des cursus personnalisés.
Chaque mois, “Faculty in the spotlight” vous donne rendez-vous avec l’un des professeurs de l’École qui présente sa vision de l’enseignement, ses méthodes pour transmettre son expertise et sa passion aux étudiants et partage ses meilleurs souvenirs et anecdotes à l’IÉSEG.
Ce mois-ci, rencontre avec Frank GOETHALS, professeur en management des systèmes d’information à l’IÉSEG.
Quelle est votre parcours ?
J’ai étudié à l’université de Louvain, en Belgique, où j’ai obtenu un master en économie appliquée. Ensuite, j’ai été engagé comme assistant d’enseignement. J’ai beaucoup apprécié ce travail, mais après un an, j’ai eu l’opportunité de poursuivre un doctorat, financé par la société SAP. Au cours de la dernière année de mes études de doctorat, j’ai recommencé à enseigner, à l’Université de Bruxelles cette fois. J’ai également enseigné à la KULeuven dans le cadre du Programme Postgraduate à cette époque. Un jour, je discutais avec un collègue qui m’a parlé d’une “grande école à Lille, dans le nord de la France, qui se développe et recrute des professeurs” : l’IÉSEG. On m’avait proposé un poste de post-doctorant à la KULeuven, financé par la prestigieuse FWO, mais l’IÉSEG semblait être une École ambitieuse, alors j’ai décidé de postuler et j’ai rejoint l’IÉSEG en 2007. À l’époque, j’étais le seul professeur permanent en systèmes d’information. Plus tard, je suis devenu responsable de la filière Management des Systèmes d’Information à l’IÉSEG et plus récemment, de 2017 à 2021, j’ai pris le rôle de responsable du département Management. Ce département était composé de plus de 60 personnes et couvrait de nombreuses disciplines différentes telles que les systèmes d’information, la gestion des opérations, la gestion des ressources humaines, l’innovation, l’entrepreneuriat, la stratégie, la RSE, etc. Il s’agissait donc d’un département assez complexe à gérer, et compte tenu de la croissance de l’École, nous avons fini par le scinder en quatre départements différents.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre domaine d’expertise et de recherche ?
En matière de recherche, je m’intéresse aux risques – dans la mesure où les technologies de l’information (TI) peuvent à la fois constituer des menaces mais aussi atténuer les menaces. Par exemple, pendant la période du COVID, les gens ont utilisé Zoom pour surmonter les défis liés à la pandémie. On peut donc dire que dans ce cas, les technologies de l’information ont permis d’atténuer la menace. Mais les technologies de l’information peuvent aussi créer des menaces, par exemple liées à l’automatisation des tâches. Aujourd’hui, mes recherches se concentrent principalement sur le green IT, ce qui implique trois aspects : l’écologisation de l’IT (par exemple, l’utilisation d’ordinateurs qui consomment moins d’électricité), l’écologisation par l’IT (par exemple, je ne vais pas prendre l’avion pour rencontrer quelqu’un, mais je vais utiliser Zoom pour organiser cette réunion) et l’écologisation de l’utilisation de l’IT (par exemple, je vais diminuer les paramètres de qualité sur Netflix afin de consommer moins d’énergie pour transmettre les films).
Du point de vue de l’enseignement, je me concentre sur toutes sortes de technologies différentes. J’enseigne un cours sur les innovations numériques, où je parle de technologies telles que la blockchain, la tokenisation et les DAO (organisations autonomes décentralisées), par exemple. Il s’agit d’un cours très large qui nous permet d’étudier la manière dont les entreprises peuvent tirer parti de ces technologies.
Avez-vous remarqué une évolution dans vos méthodes d’enseignement au fil du temps ?
Il y a eu une énorme évolution. Comme je l’ai mentionné précédemment, j’ai commencé à enseigner à l’université de Louvain et à l’université de Bruxelles, où mon style d’enseignement était apprécié. J’avais l’habitude d’entrer dans la salle et de parler pendant deux heures pendant que les étudiants prenaient des notes. Lorsque j’ai rejoint l’IÉSEG en 2007, j’ai d’abord conservé les mêmes méthodes pédagogiques, et je me suis rapidement rendu compte que c’était plutôt… un désastre ! Mon enseignement ne répondait clairement pas aux attentes des étudiants de l’IÉSEG. J’ai donc fait une réunion avec l’ancien responsable des programmes Bachelor de l’IÉSEG, qui m’a donné toutes sortes de conseils pour réussir avec les étudiants de l’IÉSEG. La discussion a été très constructive et j’ai mieux compris ce qui allait fonctionner ou non avec mon nouveau public. Je devais proposer un cours beaucoup plus interactif et stimulant. J’ai donc adapté mon enseignement et ce fut un succès. Après de nombreuses années de remaniement continu, j’ai remporté un prix d’excellence en enseignement en 2021. Dans l’ensemble, je suis définitivement en faveur de cette approche, qui nous permet de nous connecter beaucoup plus avec les étudiants. Ils peuvent vraiment contribuer à la classe et nous (les professeurs) pouvons également apprendre de leurs histoires.
La vision de l’IÉSEG “empowering changemakers for a better society” correspond-elle à vos valeurs ?
La réponse est assurément oui ! Je dirais qu’il y a une adéquation naturelle entre mes recherches, mes cours et la Vision de l’École. Je me sens vraiment en phase avec cette Vision et j’ai le sentiment de faire partie d’une communauté. Les questions environnementales et l’éthique ont toujours été des domaines d’intérêt dans mes cours. En effet, pendant les cours, nous abordons toutes sortes de sujets liés à cela. Par exemple, en ce qui concerne l’éthique, nous nous intéressons au traçage par des tiers, à l’obsolescence programmée et à l’empreinte environnementale des crypto-monnaies et de l’IA.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le fait d’être professeur à l’IÉSEG ?
J’apprécie vraiment la dimension internationale de l’École, même si j’aime aussi les professeurs français, bien sûr ! J’ai vu d’autres institutions où la majorité des professeurs étaient des locaux, avec seulement un petit groupe de professeurs internationaux qui ne sont souvent pas bien intégrés. Ici, à l’IÉSEG, les échanges sont très riches car vous pouvez entendre le point de vue de nombreuses personnes différentes venant de pays et de cultures différents, et cela donne une perspective beaucoup plus large. Plusieurs universités refusent aujourd’hui d’embaucher leurs propres doctorants car elles considèrent que venir de la même institution signifie regarder les mêmes choses de la même manière. À l’IÉSEG, nous accueillons toujours de nouveaux chercheurs qui apportent des intérêts de recherche, des méthodologies et des théories différentes.
Quels sont vos points forts en tant qu’enseignant, selon vos étudiants ?
D’après les évaluations que j’ai reçues, je peux dire que les étudiants perçoivent mon style d’enseignement comme étant structuré, clair, engageant et passionné. Ce dernier point est très important lorsqu’on enseigne les systèmes d’information, car les étudiants ne s’inscrivent généralement pas dans une école de management pour apprendre l’informatique. Cela signifie que nous, professeurs de systèmes d’information, devons faire un effort supplémentaire pour maintenir l’intérêt des étudiants. C’est pourquoi je consacre beaucoup d’énergie à l’enseignement. J’utilise aussi beaucoup de cas et d’exemples réels pour que le sujet devienne concret et pas seulement abstrait. Je les pousse également à réfléchir de manière critique et à approfondir le sujet en les mettant au défi, et je leur donne un retour constructif sur leurs rapports et leurs présentations. C’est beaucoup de travail, mais cela en vaut la peine !
Utilisez-vous d’autres méthodes pédagogiques innovantes pour enseigner ?
J’ai relevé un nouveau défi cette année : je suis désormais le coordinateur de la formation Excel pour les étudiants en première année de Bachelor. Il y a une grande différence en termes de niveau en Excel parmi les nouveaux étudiants. En effet, certains étudiants en savent déjà pas mal et apprennent très vite, alors que d’autres ne connaissent pas du tout Excel et ont besoin de plus de temps dans leur apprentissage. Nous travaillons donc avec des vidéos en ligne et j’ai créé des exercices et des tests réguliers liés à ces vidéos. À mon avis, ce qui est innovant, c’est que j’ai utilisé Python, un langage de programmation, pour programmer un moteur qui génère différents tests Excel pour chaque étudiant. Les 1300 étudiants de cette classe reçoivent chacun 5 tests pendant le semestre pour les motiver à travailler régulièrement. Chacun de ces 6500 tests est différent pour éviter toute tricherie. Nous voulons simplement nous assurer que tous les étudiants acquièrent les connaissances et les compétences nécessaires pour utiliser Excel efficacement. Il est également important que les étudiants reçoivent un retour d’information rapide, c’est pourquoi j’ai également programmé un moteur pour automatiser la notation de ces 6500 fichiers Excel, et les étudiants reçoivent leurs notes et leur retour d’information peu après le test. Les étudiants semblent être motivés à travailler dur pour le cours et apprennent beaucoup.