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[Faculty in the Spotlight] Raluca PARVULESCU, professeure d’économie

Rencontre avec Raluca PARVULESCU, professeure d’Economie à l’IÉSEG sur le campus de Lille.

A travers notre série “Faculty in the Spotlight”, nous vous présentons chaque mois l’un ou l’une des professeur(e)s de l’IÉSEG, qui nous parle de son parcours, ses méthodes d’enseignement, et des anecdotes parfois surprenantes !

Raluca, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Raluca PARLESCU, je viens de Roumanie. J’ai fait mes études dans une université roumaine qui s’apparente à une business school là-bas. Pendant ma troisième année, j’ai participé à un programme d’échange Erasmus en France, où j’ai découvert l’économie. Après avoir terminé mes études en Roumanie, je suis revenue en France pour faire un master en Economie à l’Université de Lille, suivi d’un doctorat. Mon mémoire de fin d’études portait sur la rationalité économique des grèves, et ma thèse, quant à elle, portait sur les stratégies de prix et de quantité des firmes sur un marché décentralisé. Aujourd’hui, je travaille sur l’efficience et la performance des entreprises, en intégrant des aspects environnementaux et sociaux. C’est pendant mon doctorat que j’ai rencontré une professeure de l’IÉSEG qui m’a parlé de l’école. J’ai eu l’occasion de visiter le campus et j’ai tout de suite été séduite par l’ambiance chaleureuse où l’on se sent bien accueillis.

Comment avez-vous commencé à enseigner à l’IÉSEG ?

Pendant mes études de doctorat, j’ai donné des cours de remise à niveau en statistiques à l’IÉSEG. C’était une expérience très différente de l’université, avec des petits groupes permettant de pouvoir vraiment accompagner les étudiants dans leur apprentissage et s’assurer qu’ils progressent tous. À la fin de ma thèse, j’ai été recrutée comme vacataire, puis comme professeure assistante. J’ai eu la chance de devenir responsable de l’enseignement de l’économie pour le premier Bachelor en anglais à l’École, c’était très gratifiant de voir la confiance que l’IÉSEG m’a accordée pour ce projet.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir professeure ?

L’enseignement n’était pas une carrière que j’avais envisagée en Roumanie. C’est mon premier voyage en France et la rencontre avec mes professeurs qui m’ont fait comprendre que c’était ce que je voulais faire, et plus spécifiquement, être enseignante-chercheuse. J’aime porter les deux casquettes car cela me nourrit intellectuellement et me permet d’être au contact des jeunes générations également. Les étudiants apprennent de moi mais j’apprends également d’eux.

Quels cours enseignez-vous à l’IÉSEG et dans quel(s) programme(s) ?

J’enseigne principalement dans le Programme Grande École, mais aussi dans le Bachelor in International Business (BIB). J’ai enseigné à peu près tous les cours d’économie possibles ! Notamment, un cours qui traite des formes de marchés autres que le marché à concurrence pure et parfaite. Cela peut concerner les marchés à concurrence monopolistique (par exemple, les producteurs de lessive ou de produits de beauté). Ce cours comprend aussi une partie sur la théorie des jeux, que j’adore. C’est le lien avec ma thèse, en quelque sorte. J’aime beaucoup ce cours, car il est un peu différent de l’économie pure, avec des applications qui vont au-delà de la stratégie d’entreprise.

Par exemple, j’explique aux étudiants comment le travail d’équipe peut être transformé en un dilemme du prisonnier. Je leur explique les conséquences de tricher ou de bien travailler, en fonction de son partenaire dans un projet. Ce sont des applications concrètes, et depuis quelques années, mon exemple favori est de montrer comment les négociations internationales sur la protection du climat peuvent être vues comme un dilemme du prisonnier. La grande leçon du dilemme du prisonnier, c’est que si chacun suit son propre intérêt de manière aveugle, on peut se retrouver dans une situation qui est collectivement moins bonne que s’il y avait eu coopération. C’est tout le sujet autour de la trahison contre la coopération. Concernant le climat aujourd’hui, c’est exactement ce qu’il se passe… Chaque pays a intérêt à ce que tous les autres réduisent leurs émissions, mais réduire les émissions peut nuire au niveau de vie et à la richesse produite dans le pays. Chaque pays veut que les autres fassent l’effort, sans faire d’efforts lui-même : c’est le comportement du “freerider” (passager clandestin). Le problème, c’est que si tous les pays pensent uniquement à leurs intérêts, aucun ne réduit ses émissions, et le problème de l’urgence climatique n’est pas réglé.

Ce sont des discussions passionnantes à avoir avec les étudiants, surtout avec tout ce qui se passe actuellement. Il ne s’agit pas simplement de leur dire ce qu’ils doivent faire, il s’agit plutôt de leur donner la possibilité d’imaginer des scénarios et de voir comment la théorie s’adapte pour expliquer chaque scénario. C’est un excellent outil pour stimuler la réflexion.

Comment l’enseignement a-t-il évolué depuis votre arrivée à l’IÉSEG ?

J’ai commencé à enseigner à l’IÉSEG en 2011. Je suis passée de cours magistraux à des formats plus interactifs comme le PBL (Problem-Based Learning), où les étudiants doivent mener leurs propres recherches, à la fois théoriques et appliquées. À la fin, ils présentent leurs résultats devant la classe. Le rôle du professeur est davantage celui d’un facilitateur que de celui qui dispense son savoir. C’est une véritable co-construction de la connaissance, ce qui rend l’expérience très intéressante. Ensuite, nous avons aussi testé le flipped learning (apprentissage inversé), une très bonne expérience également pour favoriser l’apprentissage actif.

Quels sont vos points forts et axes d’amélioration mentionnés par les étudiants ?

Quand j’ai commencé à enseigner mon premier cours en anglais en économie, j’ai senti, au bout de trois ou quatre semaines, que ça n’allait pas. Je continuais à enseigner mon cours, mais je voyais que les étudiants ne suivaient pas. J’ai donc décidé de prendre les choses en main, et leur ai demandé : « Dites-moi ce qui ne va pas, et je ferai de mon mieux pour m’adapter. » Suite à cela, j’ai compris leurs besoins, et ça allait beaucoup mieux. Cela m’a vraiment été utile et bénéfique d’avoir cette discussion franche avec eux. Cependant, je reste toujours attentive et à l’écoute de leurs besoins. Parfois, on a l’impression qu’on fait déjà tout bien, mais il faut savoir accepter les critiques et laisser de côté sa fierté pour s’améliorer. Les étudiants apprécient cela : le fait que je sois à l’écoute et que je me soucie de leur apprentissage.