Retour

Faculty in the Spotlight : Tapiwa SEREMANI, professeur en éthique des affaires et responsabilité sociétale des entreprises

Ce mois-ci, rencontre avec Tapiwa SEREMANI, professeur en éthique des affaires et responsabilité sociétale des entreprises, sur le campus de Paris-La Défense.

S’appuyant sur plus de 700 professeurs, dont 200 enseignants-chercheurs permanents, l’IÉSEG propose à ses étudiants une expérience d’apprentissage de grande qualité, reposant sur 4 piliers : un apprentissage actif, interdisciplinaire, centré sur l’acquisition de compétences, proposé à travers des cursus personnalisés. 

Chaque mois, “Faculty in the Spotlight” vous donne rendez-vous avec l’un des professeurs de l’École qui présente sa vision de l’enseignement, ses méthodes pour transmettre son expertise et sa passion aux étudiants et partage ses meilleurs souvenirs et anecdotes à l’IÉSEG. 

Tapiwa SEREMANI, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Avant de rejoindre l’IÉSEG, j’ai suivi un master axé sur le développement durable à l’université de Kassel en Allemagne. Ensuite, j’ai fait un doctorat à l’EM Business School à Lyon, dans le domaine des organisations et du management. J’ai un intérêt particulier pour les enjeux du développement durable, notamment en ce qui concerne les individus et la manière dont ils sont liés l’un à l’autre. Lorsque j’ai décidé de rejoindre l’IÉSEG, c’était en partie parce que je savais que l’école partageait les mêmes valeurs que moi. Tout le monde n’a pas la chance de travailler sur des sujets qui lui tiennent à cœur au sein d’une organisation qui se préoccupe des mêmes sujets que les siens. C’était donc un choix facile à faire. À l’époque, bien sûr, de nombreuses écoles de commerce commençaient à parler de développement durable, mais l’IÉSEG s’est démarquée parce qu’elle me semblait plus authentique.

Une partie de mon travail consiste à mener des travaux de recherche, mais l’autre grande partie consiste à enseigner, c’est-à-dire à transférer les résultats de mes recherches dans la salle de classe. L’idée est de donner aux étudiants les informations les plus récentes, sur la base des connaissances que nous créons nous-mêmes en tant que chercheurs. En partant du principe que nous voulons et pouvons apporter un changement dans le monde, quel meilleur moyen de le faire que de former nos futurs chefs d’entreprise et managers ? Chaque année, j’enseigne à environ 200 étudiants, parfois plus. Par conséquent, chaque année, j’ai l’occasion de planter une graine en classe et d’avoir un impact. Je pense que la chose la plus gratifiante se produit des années plus tard, lorsque certains de mes anciens étudiants se souviennent des graines qui ont été plantées pendant les cours et qui ont poussé depuis. Certains d’entre eux ont créé leur propre entreprise ou ont choisi un emploi sur la base des discussions que nous avons eues en classe, et ils reviennent vers moi pour me raconter des histoires intéressantes.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait d’être professeur et comment voyez-vous votre rôle ?

Je suis en contact avec des personnes tous les jours, ce qui veut dire qu’aucun cours n’est le même d’un groupe à l’autre, ni même d’un jour à l’autre avec le même groupe d’étudiants. C’est toujours différent ! Et c’est ce que j’aime… la diversité des profils et des discussions que nous pouvons avoir en classe. Je dois aussi m’adapter à mes élèves, cela fait partie du métier. On le sent quand l’un d’entre eux n’est pas dans son assiette ou que quelque chose ne va pas, il faut donc s’adapter en conséquence.

En tant que professeur, je pense qu’il y a deux choses principales que je dois apporter en classe : tout d’abord, les concepts-clés qui doivent être enseignés comme base de l’apprentissage, mais je pense qu’il est tout aussi important de pousser les étudiants à avoir leur propre réflexion, leur propre opinion, et à faire preuve d’esprit critique vis-à-vis de ces concepts. N’importe qui peut lire un livre et s’en souvenir. La véritable différence que vous pouvez faire en tant que professeur est de pousser les étudiants à réfléchir de manière critique à ces concepts. Comment peut-on les modifier et les améliorer ? À quoi servent-ils et à quelles fins ne servent-ils pas ? À mon avis, la différence entre un futur dirigeant et quelqu’un qui est simplement un “technicien” du savoir, c’est que ce dernier peut lire tout le livre et savoir ce que chaque page dit, mais ne développe pas sa propre analyse. Diriger, c’est lire le livre, mais aussi comprendre qu’il y a un peu plus que le livre. Quelles sont les hypothèses qui sous-tendent l’idée ? Est-ce que je pense que cela a du sens ? Pourquoi ? C’est ainsi que l’on se forge sa propre opinion et que l’on navigue dans le monde avec cette capacité à penser de manière critique. Il y a beaucoup de changements dans le monde, et cela a toujours été comme ça : il y a différentes vagues de changement. Par exemple, si nous prenons le pouvoir de l’intelligence artificielle… nous ne pouvons pas prédire comment cela va se passer à l’avenir. Mais nous pouvons nous assurer que nos étudiants, qui sont les futurs acteurs du changement, développent la capacité de naviguer dans le monde avec une pensée critique, et donc de toujours trouver des solutions. Ainsi, même lorsque le monde change d’une manière que nous n’avons jamais vue auparavant, nous pouvons toujours prendre des décisions éclairées et nous adapter en conséquence. Je veux que mes étudiants s’engagent et s’approprient leur apprentissage.

Pouvez-vous nous présenter votre domaine d’expertise et les matières que vous enseignez en classe ?

J’enseigne l’éthique des affaires, le développement durable dans les entreprises et la responsabilité sociale des entreprises. Ces matières sont liées mais différentes. Par exemple, le cours d’éthique des affaires vise à aider les étudiants à comprendre que les questions éthiques sont omniprésentes dans les affaires et qu’elles sont cruciales. Il aborde diverses questions éthiques dans différents contextes commerciaux. Le cours encourage la réflexion critique sur ce qu’est l’éthique. Nous pouvons discuter de sujets liés à l’éthique numérique, comme l’addiction aux réseaux sociaux par exemple, qui est une préoccupation croissante que les entreprises concernées n’abordent pas toujours.

Dans le cours sur le développement durable dans les entreprises, nous abordons ce que cela signifie pour une entreprise d’être durable et de quel point de vue. La durabilité implique de trouver un équilibre entre la manière dont les entreprises traitent les personnes, l’environnement et le profit, tout en tenant compte des aspects sociaux. Dans ce cours, nous essayons vraiment de montrer aux étudiants comment ils peuvent intégrer le développement durable dans l’entreprise. C’est une chose de dire que les sociétés et les entreprises doivent être plus durables… mais la vraie question est : quels sont les outils et les modèles d’entreprise qui peuvent aider à atteindre cet objectif ? Comment pouvons-nous, en tant qu’entreprise, nous engager dans cette voie ? Quels sont les avantages pour une entreprise, mais aussi pour le développement durable en général ?

Les trois cours que j’enseigne sont liés et se complètent les uns les autres… c’est un peu comme un repas à la française, avec entrée, plat et dessert en fin de compte !

Que pensez-vous que votre expérience internationale apporte à l’IÉSEG, notamment aux étudiants ?

Je pense que la variété des origines auxquelles les étudiants sont confrontés à l’IÉSEG leur donne l’occasion d’être exposés à une grande diversité de perspectives et d’opinions. De nos jours, avec la mondialisation, il est impossible de faire des affaires sans être en contact avec le reste du monde. Il est donc essentiel de comprendre que le monde est fait de différentes façons de faire des affaires et de savoir comment gérer ces situations. Il est important que nos étudiants aient la possibilité de participer à des discussions et d’entendre des points de vue différents. C’est une source de richesse pour eux.  Je pense que mes origines africaines combinées à mon expérience dans différents pays européens contribuent à donner une vision plus large aux étudiants. Cela donne également de la crédibilité au fait que nous, à l’IÉSEG, parlons de diversité. Par exemple, si nous donnons un cours sur les affaires en Chine et que le professeur n’a jamais été en Chine, cela aura certainement moins d’impact sur les étudiants car cela leur semblera moins concret.