Les jeunes et Parcoursup : une forte anxiété du fait de la peur de faire les mauvais choix d’orientation
Durant 2 ans, Gwarlann de KERVILER, enseignant-chercheur à l’IÉSEG, a mené une enquête approfondie auprès de plus de 600 lycéens en classe de Terminale, scolarisés dans toute la France, afin de mieux comprendre le niveau de stress qui se développe durant ce moment-clé pour les jeunes comme pour leurs familles.
Les lycéens étaient interviewés par téléphone, au moment où ils faisaient leurs vœux sur Parcoursup, par des conseillers d’orientation spécialement formés pour éviter les biais et la rationalisation a posteriori. L’âge moyen des lycéens interrogés était de 17,3 ans, et tous étaient issus des différentes catégories sociaux-professionnelles.
Les résultats de cette enquête approfondie mettent en avant que la forte anxiété générée au moment de Parcoursup provient de la peur de faire les mauvais choix, principalement du fait de barrières psychologiques plus que du fait des seules contraintes financières ou informationnelles.
Des risques de mauvais alignement entre les institutions et les candidats
La recherche de Gwarlann de KERVILER met en avant deux risques de mauvais alignement entre les institutions et les candidats, qui conduisent à des situations non-optimales.
D’abord, certains étudiants, pourtant excellents académiquement, n’osent pas postuler pour les meilleures écoles. En effet, ils ont peur de ne pas être à la bonne place et de ne pas réussir à être acceptés. Par ailleurs, même s’ils ont la chance d’être pris, ils craignent de ne pas rentrer dans le moule et d’être rejetés par leurs futurs camarades de promotion. Ils sont atteints d’un « syndrome de l’imposteur » qui les dissuade de postuler alors qu’ils en ont tout à fait les capacités.
D’autre part, des étudiants ressentent une pression pour aller dans des filières sélectives alors qu’ils ne sont pas très motivés sur le plan académique pour y candidater. Mais ils ont peur de décevoir leur entourage, ou de ne pas correspondre à l’image que les gens peuvent avoir d’eux. Leur manque de confiance en eux les empêche d’affirmer leurs préférences vers d’autres filières et de faire des choix différents. Ils courent alors le risque de se diriger vers des études qui ne leur correspondent pas et sont donc très susceptibles de les arrêter en cours de route.
Ces deux cas posent un vrai problème d’orientation, car les étudiants ne vont pas s’orienter vers les filières qui leur correspondent le mieux. Au-delà des déterminants sociaux, les facteurs psychologiques jouent donc un rôle majeur : la peur du rejet, le syndrome de l’imposteur et le manque de confiance en soi génèrent des situations non-optimales.
Quelles solutions pour remédier à ces risques de mauvaise orientation sur Parcoursup ?
Comment y remédier ? L’étude met en avant plusieurs typologies de solutions. Les principales recommandations incluent des programmes de mentorat, des systèmes de feedback renforcés et l’encouragement à prendre des risques pour surmonter l’autocensure.
Ensuite, les étudiants doivent prendre le temps de collecter de l’information sur l’ensemble des formations qui peuvent les attirer – ou challenger les formations vers lesquelles on souhaite les orienter. Cela, sans se précipiter et en se posant les bonnes questions sur ce qui les motive et pourquoi.
De leur côté, les parents et le corps professoral doivent aider les lycéens à développer une estime de soi stable, à réduire leur peur de l’échec et à valoriser leurs ambitions, même lorsque les résultats sont incertains.
Enfin, les institutions de l’enseignement supérieur sont encouragées à adopter des stratégies de communication mettant en avant l’idée que l’échec fait partie de l’apprentissage, afin de diminuer l’intimidation ressentie face aux écoles d’élite, et à ne pas mettre en avant des profils types afin que chacun puisse se projeter dans ces études, sans préjugés.