Barbara SLAVICH, directrice académique du Master in Fashion Management : “Je suis très fière de la solidarité qui s’est instauré entre toutes les promotions de nos diplômés”
En 2013, l’IÉSEG lançait le Master in Fashion Management, qui a rencontré quasi immédiatement un franc succès. À l’occasion de son 10ème anniversaire, Barbara SLAVICH, qui a lancé ce Master et en est la directrice académique depuis le début, nous raconte cette histoire extraordinaire !
Barbara SLAVICH, comment est née l’idée de créer ce Master in Fashion Management ?
Lorsque j’ai rejoint l’IÉSEG en 2010, l’École venait tout juste d’ouvrir son campus à Paris – La Défense, et se développait alors très rapidement. Le Master in International Business avait été lancé en 2003, et d’autres Masters Spécialisés étaient sur le point de voir le jour… Pendant mon doctorat, j’ai commencé à faire de la recherche empirique sur l’industrie du luxe, et j’ai donc développé une connaissance approfondie du secteur. J’ai commencé à réfléchir à la meilleure façon d’attirer les personnes talentueuses qui cherchaient à faire une carrière internationale dans l’industrie de la mode et du luxe. J’ai également impliqué d’autres professeurs susceptibles de donner des cours sur l’industrie de la mode dans la réflexion sur l’expérience d’apprentissage que nous voulions offrir à nos futurs étudiants, et plus important encore, sur la manière de différencier ce futur Master des diplômes déjà proposés par d’autres Écoles.
Je me suis rendu compte que les programmes existants en Fashion Management se concentraient uniquement sur l’aspect “business” de cette industrie, mais le produit lui-même n’était pas au centre des préoccupations. Pour les étudiants qui souhaitent travailler en tant que Merchandisers, acheteurs ou même Chefs de Produit dans des entreprises de mode ou de luxe, il est pourtant essentiel de savoir comment fonctionnent les processus de création des produits, de développement de collections… C’est pourquoi nous avons lancé ce Master in Fashion Management, qui met l’accent à la fois sur l’aspect commercial et managérial, et sur le produit lui-même.
Ce qui rend ce programme unique, c’est aussi le partenariat avec le célèbre Istituto Marangoni…
En effet, l’IÉSEG est une École de Management de référence et dispense un enseignement reconnu en management, en marketing, en supply chain… mais l’École n’est pas experte dans les processus de création de produits, le design… Ce partenariat est donc ce qui a fait la différence au début de notre programme. Nous voulions en effet que nos étudiants étudient autant le patronage, la coupe, la connaissance des tissus, la direction artistique, autant que le management, la logistique, le marketing… adapté au secteur de la mode et du luxe.
Nous avons donc commencé à chercher un partenaire qui soit reconnu comme un expert incontournable dans ce domaine. C’est là que la collaboration avec l’Istituto Marangoni est entrée en jeu : c’est l’école de mode la plus importante au monde, la plupart des grands créateurs y ont étudié… Je me souviens que lorsque nous nous sommes rendus à Milan pour discuter de ce partenariat, l’émotion était à son comble ! Nous avons décidé de signer cet accord, avec pour objectif que les professeurs du campus parisien de l’Istituto Marangoni offrent les cours dédiés à la création, à la mode, au luxe… tandis qu’en parallèle, les professeurs de l’IÉSEG ayant une formation et une expérience dans la mode et le luxe enseignent tous les cours de management liés à ce secteur.
De plus, le fait d’être situé à Paris nous a permis d’intégrer les entreprises les plus prestigieuses de l’industrie de la mode et du luxe, parmi lesquelles les plus grandes maisons de haute couture. Certains cours sont ainsi directement dispensés par des experts reconnus du milieu.
Grâce à tout cela, le Master en Management de la Mode a quasi immédiatement rencontré le succès…
En effet, le succès a été très rapide, d’autant plus que nous avons décidé dès le départ de recruter une cohorte de 50 étudiants au maximum. Les étudiants travaillent avec un tuteur à l’Instituto Marangoni et les cours de création de produits les amènent à couper des tissus, à toucher des matériaux… ils doivent donc travailler en petits groupes avec leur tuteur. Le nombre élevé de candidatures nous permet d’avoir un haut niveau de sélection.
Notre stratégie consiste également à attirer des étudiants internationaux et à créer un environnement très multiculturel. L’année dernière, plus de 20 nationalités étaient représentées dans la promotion, et nous essayons de maintenir cet équilibre chaque année. À ce jour, le Master in Fashion Management compte 368 diplômés, originaires de 42 pays différents et travaillant partout dans le monde, dans plus de 35 pays différents… Nous sommes très fiers de cette diversité.
À quoi prépare le Master in Fashion Management ?
L’un des principaux objectifs du Master est de donner à nos étudiants toutes les connaissances et le savoir-faire nécessaires pour travailler dans les meilleures entreprises de l’industrie de la mode et du luxe. Comme nos étudiants maîtrisent à la fois les dimensions de management et de création, qu’ils savent parler aux designers, qu’ils comprennent les besoins d’une équipe de création, tout en étant capable de comprendre les résultats financiers, la comptabilité, les besoins des équipes de vente, nos diplômés sont très recherchés pour des postes tels que Merchandiser (un Merchandiser doit faire correspondre les besoins de l’équipe de conception avec les objectifs de marketing et de vente), Chef de Produit, acheteur, Chef de Marque… Tous ces rôles d’intégration où vous devez comprendre ces différentes logiques et dimensions organisationnelles.
Comment le Master in Fashion Management a-t-il évolué au fil du temps ?
Le programme a été ajusté au fil des années car il est important de suivre les tendances du marché, qui évoluent constamment. Comme pour tous les programmes de l’IÉSEG, nous organisons régulièrement un Conseil Consultatif Professionnel (PAB) composé d’experts de l’industrie, où nous parlons du programme, de la façon dont nous pouvons améliorer les cours en fonction des besoins du marché et de leurs propres besoins. Par exemple, en suivant leurs conseils, nous avons décidé d’introduire de nouveaux cours sur des sujets aussi importants que le développement durable et l’intelligence numérique et artificielle, qui jouent un rôle-clé dans les entreprises du secteur.
En termes de pédagogie, les mentalités ont également beaucoup évolué. Les étudiants travaillent sur de nombreux projets proposés par les entreprises, ainsi que sur de nombreux projets de création en groupe : créer une collection, analyser des défilés de mode… En plus des cours “classiques”, nous invitons également des conférenciers à venir animer des Masterclasses. Les étudiants ont aussi la chance de faire des voyages d’études en Italie (pour visiter les ateliers de création de Gucci, le musée de Ferragamo, et bien d’autres lieux passionnants) et ils participent à des événements exceptionnels à Paris (comme l’exposition Yves-Saint-Laurent en 2022, ou des défilés de mode…) afin de mieux comprendre cette industrie et de développer leur réseau.
Enfin, les entreprises et les marques sont confrontées à de nombreux défis liés à des sujets tels que l’intelligence artificielle, le métavers, la durabilité, mais aussi les valeurs sociales. Surtout après le COVID, les entreprises se sont demandées comment augmenter leur impact social et comment créer de la valeur sociale et culturelle. Je pense que cela correspond tout à fait à ce que notre Master propose. Enfin, nous donnons de plus en plus la possibilité aux étudiants de se concentrer non seulement sur la mode, mais aussi sur d’autres secteurs. La beauté, la gastronomie, la joaillerie… sont autant d’industries qui sont liées à la mode et au luxe. C’est pourquoi nous proposons également des Masterclasses et des visites liées à ces domaines.
De plus en plus d’étudiants de l’IÉSEG souhaitent devenir entrepreneurs ou ont déjà lancé leur entreprise. Percevez-vous également cette tendance dans le Master in Fashion Management ?
Tout à fait. Certains étudiants sont très motivés pour lancer leur propre marque, ils veulent donc renforcer leurs compétences dans la dimension managériale. Par exemple, je me souviens d’une étudiante brésilienne qui avait lancé sa propre marque là-bas, et qui a rejoint le Master parce qu’elle voulait améliorer les performances de son entreprise et développer davantage ses compétences managériales.
Nous avons donc ajouté des cours sur l’entrepreneuriat et demandé à des entrepreneurs de participer à nos cours afin de partager leur expérience avec les étudiants. Nous recommandons toujours à nos étudiants de travailler dans en entreprise avant de lancer leur propre marque, car c’est un moyen d’apprendre et d’expérimenter la création d’une entreprise. Surtout, cela permet de comprendre les risques liés au lancement d’une marque, mais aussi les sacrifices et les investissements qu’ils devront faire.
La force du Master réside également dans ses anciens étudiants, qui sont les premiers ambassadeurs de sa marque !
Il est très important pour nous de pouvoir compter sur notre réseau de diplômés. Ce qui renforce aussi notre travail, c’est que nos étudiants sont contactés pour un stage ou, à la fin de leur stage, peuvent aussi être recrutés par nos alumni. Cela crée un cercle vertueux, car c’est un secteur très compétitif. Nos anciens étudiants travaillent aujourd’hui dans les entreprises les plus prestigieuses à des postes très importants comme Chefs de Produit, influenceurs de la presse mondiale, coordinateurs de stratégie, Merchendisers, Chefs de Projet… Cela aide donc beaucoup nos étudiants lorsqu’ils cherchent un emploi, et je suis très fière de la solidarité qui a pu s’instaurer entre les jeunes et les anciennes générations de ce Master.