Au-delà du filet : Pierre LAGNY nous raconte 10 ans de volley-ball à haut niveau
Tout comme la réussite des études, le sport de haut niveau est exigeant et demande de la détermination. Pierre LAGNY, étudiant en cycle Master du Programme Grande École à l’IÉSEG, a consacré une décennie à perfectionner ses compétences sur le terrain de volley-ball. C’est avec fierté qu’il nous partage son histoire, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, en passant par son expérience à l’international.
Pierre, tu pratiques le volley-ball à haut niveau depuis 10 ans, peux-tu nous en dire plus ?
Tout a commencé au collège, où j’ai été repéré dans la cour d’école. J’étais scolarisé dans un établissement qui mettait beaucoup le volley-ball en avant, notamment en mettant plusieurs terrains à disposition des élèves. Faisant partie de l’association sportive de l’école, je jouais régulièrement sous la supervision d’entraîneurs qui étaient des joueurs professionnels du Paris Volley, un club de formation pour devenir joueur pro. Sur les conseils de mon entraîneur, qui a su détecter en moi un vrai potentiel, je me suis inscrit pour passer les sélections du Paris Volley, où j’ai été pris. A ce moment-là j’étais en cinquième…
Qu’est-ce que ça veut dire faire du volleyball à haut niveau, concrètement ?
Je dirais tout d’abord que, dans mon cas, il y a eu un avant et un après le lycée. Lorsque j’étais au collège et au lycée, je faisais partie du Paris Volley. Par la suite, j’ai changé de club pour rejoindre le Paris Amicale Camou.
Actuellement, je joue en Nationale 2 (c’est-à-dire la 4ème Division française), alors qu’avant la période COVID, j’étais aspirant Pro B, en Nationale 1. Ce qui veut dire concrètement que, durant toute ma jeunesse, j’avais un entraînement 4 soirs par semaine, ainsi que deux matchs par week-end. Et pendant les vacances scolaires, en plus des matchs et des entraînements, je suivais aussi des stages de formation…
La vie de sportif de haut niveau n’est pas évidente, surtout pour un jeune au collège ou au lycée, car j’avais finalement très peu de temps en dehors du terrain, à consacrer à ma famille et mes amis. De plus, jouer à haut niveau induit une implication de tous les instants, avec notamment une hygiène de vie et un régime alimentaire particulier à respecter pour garder la forme et être performant sur le terrain. Aujourd’hui, étant passé en Nationale 2, j’ai allégé le rythme, avec seulement 3 entraînements par semaine et un match le week-end.
Est-ce que tu aurais aimé devenir joueur professionnel ?
Cela aurait été compliqué, pour plusieurs raisons… D’abord, je joue à un poste d’attaquant, mais avec ma condition physique (je mesure 1m90), je suis mis en difficulté par les adversaires qui mesure généralement autour de 2m05. Pour être performant en professionnel, il aurait donc fallu que je change de poste et que je devienne libéro, c’est-à-dire passer dans la zone de défense. Seulement, c’est l’attaque qui me plaît le plus dans ce sport.
De plus, en France, vivre du volley-ball est très difficile. Mise à part en Pro A (la 1ère Division), les joueurs ne sont pas ou mal rémunérés. Si l’on compare à la Russie, la Pologne ou encore l’Italie, nous avons de très bons joueurs de volley-ball en France, mais notre championnat n’est pas encore aussi bien développé et structuré que dans ces pays.
Enfin, et c’est tout naturel, mes parents m’ont poussé à faire des études supérieures pour assurer mes arrières et ne pas tout miser sur le volley-ball… et ils ont eu bien raison !
Tu as quand même eu la chance d’expérimenter la pratique du volley-ball aux Etats-Unis…
En effet, j’ai fait un échange universitaire en Californie, à UC Riverside, où j’ai eu l’opportunité de jouer en Première Ligue américaine. Cela a été un renouveau pour moi. J’ai appris à aborder le volley d’une manière différente : aux Etats-Unis, le sport prend une place extrêmement importante. Il est en fait considéré comme étant tout aussi important que les études. D’ailleurs, grâce au volley, j’ai pu intégrer des événements d’une fraternité étudiante, ce qui n’aurait absolument pas été possible sans ce sport qui nous liait. Cela a donné une tout autre dimension à mon expérience à l’international.
J’ai aussi beaucoup apprécié la mentalité très positive des Américains, qui ne voient pas de problème dans l’échec. Au contraire, ils y voient une opportunité d’identifier comment s’améliorer par la suite.
Qui dit sportif de haut niveau, dit conditions physiques, mais aussi mental d’acier… comment cela se traduit dans ton quotidien ?
En effet, le volley (mais c’est vrai pour le sport de haut niveau de manière général), c’est 20% de physique, et 80% de mental ! J’ai d’ailleurs constaté avec mon équipe que, généralement, lorsque nous gagnions le premier set d’un match, nous perdions le suivant car nous étions un peu trop confiants, et nous nous relâchions un peu, ce qui nous desservait.
Le volley m’a apporté beaucoup de choses positives sur différents aspects de ma vie. J’ai naturellement un esprit de compétition mais je l’ai encore plus développé à travers le volley : je ne lâche jamais rien. Lorsque j’ai un projet à mener, je le mène jusqu’au bout. J’ai aussi renforcé mon self-control et ma capacité à gérer le stress que je n’avais certainement pas avant.
Enfin, le fait que ce soit un sport d’équipe m’a permis de développer mes capacités à travailler en groupe, car cela apporte une vision sur le fonctionnement du collectif, on s’intéresse à chaque individu. Je pense que de manière générale, une personne pratiquant un sport collectif a de plus grandes facilités à travailler en équipe. C’est donc très utile en cours, tout comme en entreprise.