Portrait de Guillaume Fourdinier (IÉSEG 2010) – co-fondateur d’Agricool
Portrait de Guillaume Fourdinier, diplômé du programme Grande Ecole IÉSEG (2010) et co-fondateur d’Agricool – une start-up qui a récemment levé plus de 8 millions d’euros pour révolutionner l’agriculture urbaine. Nous l’avons rencontré fin août 2017, quelques jours avant que la start-up ne commence à vendre des fraises, produites dans des containers à Paris !
Comment en êtes-vous arrivé à devenir entrepreneur?
J’ai toujours été passionné par l’entrepreneuriat. A l’IÉSEG, j’avais créé en parallèle de mes études une entreprise qui s’appelait Tombapik qui aidait les étudiants à trouver un logement, notamment.
Après cette première expérience, je me suis posé la question : que puis-je faire pour devenir un meilleur entrepreneur ? J’avais identifié deux choses : la première était d’aller sur le terrain et d’occuper une fonction commerciale. La deuxième était d’acquérir une expérience managériale, car nous n’avions pas d’employés à Tombapik. Je suis ainsi devenu commercial dans le secteur pharmaceutique en Normandie. Cette expérience a été très formatrice et nous avons décidé de créer Agricool avec mon associé Gonzague Gru en 2015.
Quelle est la mission et objectif d’Agricool ? et pourquoi avez-vous choisi l’agriculture urbaine ?
Nous avons créé Agricool avec la mission de permettre à tout le monde d’avoir des fruits et des légumes qui soient meilleurs et plus sains. Nous sommes tous les deux fils d’agriculteurs et nous avons grandi à la campagne. Nous avions trouvé que la qualité des fruits et légumes que nous trouvions à Lille ou Paris par exemple, était différente de celle des produits que nous avions mangé lorsque nous étions petits. On s’est donc posé la question sur la manière d’améliorer les choses. Il se trouve qu’il y a 1 500 km de transports en moyenne entre « les champs et l’assiette en Europe ». Par conséquence, les fruits sont souvent cueillis trop tôt, avant maturité et ont perdu leur goût et leur valeur nutritive etc. On voulait trouver une façon d’être très productif pour avoir des produits locaux, sans pesticide, au cœur de la ville. C’est ainsi que nous avons eu l’idée d’utiliser les containers et que l’idée d’Agricool est née.
Avec mon associé, Gonzague Gru, nous avons passé des mois à étudier comment transformer un container afin de recréer les conditions idéales pour faire pousser des fruits et légumes de qualité tout en ayant une excellente productivité au mètre carré. A l’intérieur de chaque container, nous cherchions à recréer un paradis pour les fruits et légumes. Nous avons commencé avec des fraises en créant des circuits idéaux d’eaux et de nutriments, avec des LEDs pour reproduire le spectre utile du soleil, et des bourdons pour la pollinisation. Tout cela nous permet d’être 120 fois plus productif que l’agriculture conventionnelle sans utiliser de pesticides et en ne travaillant qu’avec des énergies renouvelables et en consommant 90% moins d’eau et de nutriments.
Une fois que vous avez établi le concept du container, comment est-ce que vous avez réussi à développer l’entreprise ?
Le premier container que nous avons transformé a été posé à Paris en octobre 2015, et on a réussi une première levée de fonds de 500 000 euros. A ce moment, nous avons décidé qu’il fallait recruter des spécialistes comme des ingénieurs agronomes et généralistes. Nous avons donc lancé une deuxième levée de fonds en 2016 et avons récolté plus de 3 millions d’euros. Cela nous a permis de passer de deux personnes à 30 personnes en 2016 avec une énorme accélération de la recherche et développement (plus de 30 tests agronomiques de 3 mois cumulés). Nous avons beaucoup travaillé la technique et la science.
Cet été 2017, nous avons réussi finalement à lever encore 8 millions d’Euros grâce au fait d’avoir prouvé que nous étions capables de rendre les containers très productifs, avec plus de 50 barquettes de fraises par jour dans un container de 30m². L’étape maintenant est de prouver qu’une ferme (en container) peut être parfaitement rentable, et qu’elle a un circuit de distribution. Une fois que nous avons prouvé cela, il n’y aura plus vraiment de limite pour la multiplier en centaines d’exemplaires.
Actuellement, nous avons 5 containers à Paris qui font prototype de ferme. Une fois que nous aurons prouvé que le prototype est rentable, il va falloir lever davantage d’argent pour les multiplier un peu partout dans le monde. Au niveau de la distribution, on va commencer la vente de nos fraises en septembre. On va tester tous les circuits de distribution (supermarché, vente directe, restaurants, marchés… etc) afin de trouver la recette profitable et la plus adaptée à la mission et aux valeurs d’Agricool pour la suite. On va également bientôt tester d’autres fruits et légumes et on sera beaucoup plus rapide car nous aurons déjà l’infrastructure et notre savoir-faire.
Est-ce que vous avez des objectifs internationaux ?
La mission d’Agricool est par définition globale ; rendre accessible à tous les fruits et légumes sans pesticide. Il y a des endroits dans le monde où les gens n’ont pas la possibilité d’avoir des fruits et légumes frais sur place. Nous allons rapidement nous orienter vers l’international. Une personne de notre équipe travaille actuellement 4 jours par semaine sur ce sujet. Nous allons probablement démarrer les premiers prototypes à l’étranger début 2018. Il y a grande chance, donc, que la deuxième ville d’Agricool ne soit pas française !
Quels sont vos souvenirs de l’IÉSEG, et comment est-ce que vous pensez que votre parcours à l’IÉSEG vous aide dans la poursuite de votre carrière ?
J’ai pas mal de souvenirs de l’IÉSEG ! Je suis parti en deuxième année au Canada, à Edmonton car je voulais rapidement apprendre l’anglais, et j’y ai pris également des cours d’entrepreneuriat. Ensuite en 3ème année, dans le cadre des projets collectifs à l’IÉSEG, j’ai créé avec mes camarades l’association aller-retour dont l’objectif était le partage de culture avec la Mongolie. Ce fut un projet très important parce que cela m’a donné une première approche entrepreneuriale. En quatrième année, j’ai créé l’entreprise Tombapik et je suis parti une deuxième fois en échange en Argentine. L’IÉSEG a développé mon esprit d’initiative et mon envie d’entreprendre !