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Raphaël PASCAL: entre engagement militaire et formation académique

L’alliance de deux univers d’excellence, voilà ce que représente le partenariat entre l’IÉSEG School of Management et l’Académie Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (AMSCC). Un programme novateur qui permet à des étudiants en dernière année de master à l’IÉSEG de compléter leur formation académique par une immersion dans le milieu militaire, offrant ainsi une perspective unique sur le leadership, la discipline et l’engagement au service de la Nation. Chaque année, des étudiants de l’IÉSEG ont l’honneur d’être sélectionnés pour participer à ce programme rigoureux qui les prépare à devenir des leaders capables de concilier les exigences du monde des affaires et les valeurs fortes du milieu militaire. Nous avons rencontré l’un d’entre eux, Raphaël PASCAL.

Raphaël, peux-tu nous parler un peu de ton parcours à l’IÉSEG ?  

Raphaël : J’ai suivi un parcours classique à l’IÉSEG, en intégrant le Programme Grande École directement après le bac, via le concours Accès. C’est vers la fin de mon cycle Bachelor que j’ai commencé à mûrir un projet militaire. L’univers militaire m’a toujours attiré, notamment pour ses valeurs. Je m’intéresse beaucoup à la géopolitique et à la philosophie, et plus j’approfondissais ces sujets, plus l’armée devenait une évidence pour moi. C’est là que j’ai découvert le partenariat entre la Conférence des Grandes Écoles et l’Académie Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan.

Justement, peux-tu nous expliquer comment fonctionne ce partenariat Grande École ? 

Raphaël : Pour intégrer ce programme, il faut avoir validé son Master 1 mais ne pas encore avoir terminé son Master 2. J’ai candidaté sur dossier en septembre 2023 et j’ai reçu la réponse définitive le 15 décembre, m’annonçant que j’étais accepté. Après avoir terminé et validé mon mémoire ainsi que tous les crédits du Bachelor et du Master 1, j’ai pu m’engager en tant qu’élève officier dans le cadre de ce partenariat qui donne accès au grade d’Aspirant. 

Le processus de sélection se déroule en plusieurs étapes. La première réponse, qui est un pré-accord, arrive en octobre. Ensuite, on enchaîne avec les examens physiques, psychotechniques et psychologiques en octobre-novembre. Après ces examens, les résultats sont communiqués et la réponse définitive arrive à la mi-décembre. Pour se préparer à ces étapes, il est crucial d’adopter rapidement les codes du milieu militaire, que ce soit dans la lettre de motivation ou dans l’attitude générale. Les épreuves physiques incluent un test de capacité cardio-respiratoire de type Luc léger, des squats, ainsi que des tractions. Cela requière une bonne condition physique. On passe aussi des tests psychotechniques, qui sont des tests de logique et d’orientation spatiale, ainsi que des tests de langue. Enfin, on a un entretien psychologique très approfondi avec une psychologue des armées pour évaluer toutes les dimensions de notre profil. Rien n’est laissé au hasard dans cet entretien : notre motivation, notre personnalité, et différents aspects de notre vie privée. Le but étant de savoir si notre profil correspond bien à ce que l’armée recherche et si nous serons capables de tenir bon en situation réelle. 

Le milieu militaire t’attirait depuis longtemps, notamment pour ses valeurs. Peux-tu nous en dire plus ? 

Raphaël : Les valeurs de l’armée de Terre sont fondamentales à mon sens. On y retrouve l’esprit de cohésion, la rigueur, et la discipline. À l’armée, il faut savoir effacer son individualité au profit du groupe. On ne va pas à l’armée pour faire cavalier seul, c’est tout simplement impossible de survire sans l’esprit de solidarité. Le goût de l’effort est aussi essentiel, évidemment. On va à l’armée pour se dépasser, pour être poussé dans ses limites et se découvrir. C’est une démarche de service, un engagement pour quelque chose de plus grand que soi. D’ailleurs, le mantra de l’École militaire des Aspirants de Coëtquidan, à laquelle on est rattaché dans le cadre du partenariat, est “l’audace de servir”. Cela résume bien l’esprit qui y règne et la mission qui nous incombe. Il faut évidemment être patriote parce que l’on s’engage et on se donne corps et âme pour la France, pour son histoire, et pour les valeurs que nous incarnons. 

Il y a un aspect très important de tradition, qui est vraiment central dans notre formation. On s’inscrit dans la lignée des 27 000 officiers de réserve qui ont donné leur vie durant la Première Guerre mondiale. Cette histoire est au cœur du partenariat Grande École, et cela se ressent pleinement au quotidien. Par exemple, on participe à des marches traditionnelles et on reçoit même des cours d’histoire, souvent informels, qui se déroulent parfois entre deux marches de nuit, à 2h du matin, ce qui ajoute à l’intensité et à la profondeur de l’expérience. 

Cette dimension historique nous fait prendre conscience que nous ne sommes pas de simples élèves en stage. D’ailleurs, cela n’a rien à voir avec un stage classique. Ce programme est un engagement fort qui nous honore, mais qui nous oblige aussi, car nous portons l’héritage de cette histoire et de ces traditions. Cela nous pousse à être à la hauteur de cette responsabilité. 

Et au quotidien, à quoi cela ressemble ? 

Raphaël PASCAL : La vie quotidienne est intense et variée. Le programme se découpe en trois phases : trois semaines à l’EMAC (École Militaire des Aspirants de Coëtquidan), quatre semaines en division d’application, puis trois mois en régiment. Pour ma part, je réalise mes 3 mois de projection en corps de troupe au 1er Régiment d’Infanterie de Sarrebourg, à l’issue de la division d’application d’infanterie de Draguignan, que j’ai choisie à la suite d’un classement à l’EMAC. 
 
À l’EMAC, on apprend les bases de la vie militaire, comme l’ordre serré, les codes militaires, et la vie en régiment. Ensuite, on reçoit une formation technique pour devenir chef de section. Une section, cela représente 30 personnes. On commence par être capable de bien faire son propre travail en tant que soldat, puis on apprend à commander une équipe, puis un groupe de 10 personnes, et enfin une section complète. 

Une journée type commence vers 5h30 avec les TIG (travaux d’intérêt général), qui consiste, grosso modo à nettoyer et ranger. Ensuite, on a des activités qui peuvent varier entre des cours de tactique, de manipulation d’armes, ou des exercices pratiques. On mange autour de 11h30 le midi, puis vers 18h, et les activités continuent souvent jusqu’à tard dans la soirée, parfois même jusqu’à 2h du matin. 

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué au cours de cette expérience ? 

Raphaël PASCAL : Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’aspect humain. À l’armée, les relations sociales sont dénuées de tout vernis, elles sont donc franches mais profondément humaines. Il n’y a pas de place pour le politiquement correct, tout est authentique, et je dirais même qu’il n’y a pas d’expérience plus humaine que l’armée. On y développe notre empathie et notre sens de l’exemplarité, car pour pouvoir commander les autres, il faut être soi-même irréprochable. C’est une expérience qui nous transforme, non seulement en tant que leader, mais aussi en tant qu’être humain. Au final, cela nous fait devenir de meilleurs êtres humains. Je pense que les qualités que l’on développe à l’armée sont inestimables, que ce soit pour une carrière de manager ou pour lancer sa propre entreprise. Elle nous enseigne l’essence même du commandement et du respect : diriger des hommes et des femmes en s’adressant avant tout à l’être humain qu’on a en face de soi. 

En as-tu appris plus sur toi-même à travers cette expérience ?

Oui, tout à fait, en positif comme en négatif d’ailleurs. On se découvre dans la fatigue, l’effort, l’épuisement… on se dépasse, et on réalise des choses dont on ne se croyait même pas capables. 
Mais on se déçoit aussi parfois ! Nous ne sommes pas surhumains… C’est justement cela qui nous enseigne l’humilité. On apprend à avoir besoin des autres, à respecter les autres et à être profondément humbles.  

Quels sont tes projets après ce programme ? 

Raphaël PASCAL : Pour l’instant, je suis encore en réflexion. J’adore le milieu militaire, mais je n’ai pas encore eu d’expérience professionnelle dans le secteur privé qui me permette de vraiment comparer et faire un choix. Je vais faire mon stage de fin d’études à l’étranger, et après ça, je prendrai une décision. Ce partenariat m’a offert une expérience unique de découvrir le milieu militaire de l’intérieur, et il ouvre les portes vers un contrat en tant que chef de section de réserve après le programme. Ceci pourrait me permettre de concilier une carrière civile avec un engagement dans la réserve. Mais d’un autre côté, après une expérience si riche, la vocation d’un engagement dans l’armée d’active n’est jamais bien loin !