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Quand équitation à haut niveau et études supérieures se rencontrent : découvrez le parcours de Victoire NANOT

Victoire NANOT est étudiante en 2ème année du Programme Grande École de l’IÉSEG. Elle jongle entre sa vie étudiante la semaine et sa vie de cavalière les week-ends. Grâce au statut de Sportive de Haut Niveau que lui a proposé l’École, elle a obtenu une souplesse d’emploi du temps qui lui permet de juxtaposer ses deux vies.
Elle participe à de nombreux concours internationaux, notamment le mythique concours international de Dinard, un Jumping 5* auquel participent les meilleurs cavaliers mondiaux. Rencontre avec cette étudiante qui nous parle de sa passion et de cette double-vie.

Comment l’équitation est-elle entrée dans votre vie ?

Comme de nombreux enfants, mon premier rapport au cheval a été initié par ma maman lors d’une balade à poney, quand j’avais 3 ans. Mais étonnement, ce n’est pas ce premier contact qui a tout déclenché, puisque j’ai pratiqué bien d’autres sports jusqu’à mes 10 ans.

Pour mes 10 ans, le rêve de chaque petite fille qui fait du poney s’est réalisé car mon père m’a offert mon premier poney, TipTop. Avec lui, j’ai débuté, j’ai passé mes premiers galops et j’ai participé à mes premières compétitions de saut d’obstacles. Aujourd’hui, il profite paisiblement de sa retraite dans mes écuries, et je peux toujours garder un œil sur cette boule de poil brune qui dépasse à peine des hautes herbes.

Victoire Nanot - 1

Ensuite, vous avez progressé jusqu’à gagner des concours internationaux… Quels moyens vous êtes-vous donné pour cela ?

Mon contexte familial a fait que ma vie oscillait entre la Bretagne et Paris. J’étais alors scolarisé à Paris depuis mon CP, mais je faisais régulièrement les allers-retours à Dinard pour pouvoir monter mon poney et pratiquer régulièrement ce sport. En 2019, suite à mon déménagement à Dinard, j’ai opéré le premier virage dans ma vie équestre. J’ai alors intégré un lycée malouin, pour qu’en parallèle de la préparation du bac, je puisse renouveler mon piquet de chevaux afin d’investir tout mon temps à la compétition, épaulée par mes coachs.

Ce rythme intense était encadré par mes parents et mes coachs, et je m’entraînais tous les soirs après les cours et partais en compétition les week-ends. C’est ainsi que j’ai pu progresser beaucoup plus vite. J’ai décidé de mettre en place ce système qui m’a servi de tremplin pendant mes années de lycée, car j’avais bien conscience que, sans cela, je ne pourrais pas allier ma passion à mes études.

Suite à l’élaboration de ce modèle, j’ai dû faire des choix sur les chevaux qui allaient me suivre en compétition. Mon poney a été mis à la retraite après 5 années de bons et loyaux services car il devenait trop petit pour moi, et il faut se l’avouer la compétition n’a jamais été son fort. Alors se posa la question d’investir dans un cheval de sport, qui puisse me faire la transition entre le poney et le cheval pour m’emmener sur mes premières épreuves en catégorie Amateur. Grâce à mes coachs Maxence et Robin, nous intégrons Quelimane de Jaguenet et All Diam’s Flamingo, qui seront de vrais maîtres d’école pour me faire la main sur ces épreuves.

Mon niveau ayant bien progressé grâce à ces années d’entraînement intense, je décide de vendre All Diam’s, qui rejoindra une écurie américaine en Californie pour s’initier à une nouvelle discipline, le Hunter. Suite à un stage évocateur avec Tony CADET, un professionnel dans le monde équestre, nous décidons d’investir alors dans Bilbao de la Botte. C’est un cheval beaucoup plus puissant, avec un mental d’acier, qui sera à nouveau un véritable maître d’école pour m’apprendre à monter les parcours que je saute actuellement, en Amateur Élite (avec des barres à 1m25), parcourir les plus beaux terrains de concours et surtout me permettre de fouler la piste du Jumping de Dinard 5* en juillet 2022.

Il a brillamment assuré la relève de Quelimane, qui profite maintenant de sa retraite avec TipTop, afin de récupérer de ces belles années de sport et de dévouement pour moi et mon coach Maxence. L’histoire avec Bilbao est particulière, car c’est le cheval qui m’a tout appris et fait progresser le plus rapidement, ce qui a créé une réelle connexion entre nous. C’est mon cheval de cœur, celui de ma vie car, suite à des problèmes de santé qui ont durement affecté notre saison 2022 / 2023, autant physiquement que mentalement, il s’est battu pour revenir m’épauler dans ma vie personnelle et sur les terrains de concours. C’est le cheval que chaque cavalier rêverait de croiser, pour être comblé humainement, émotionnellement et sportivement.

Victoire Nanot - 2

C’est à ce moment que vous intégrez l’IÉSEG, sur le campus de Paris. Comment arrivez-vous à jongler ainsi entre deux vies qui prennent toutes les deux énormément de temps ?

J’ai toujours été très ancrée et attachée à Paris, j’adore le rythme de ma vie parisienne et j’y ai toujours vécu. Je suis alors rentrée de Bretagne après l’obtention de mon baccalauréat, pour intégrer l’IESEG après avoir durement travailler les concours pour intégrer cette école.

Les premiers mois ont été difficiles, pour ne rien cacher. J’ai mis un peu de temps à bien comprendre les exigences académiques, les rythmes imposés, les méthodes d’apprentissage et le fonctionnement de l’École. Après un démarrage difficile scolairement parlant et avec Bilbao qui se soignait à ce moment-là, je me suis remotivée au maximum pour me remettre immédiatement à niveau. Dès le second semestre, les choses vont beaucoup mieux.

En parallèle, Bilbao terminant sa rééducation, il peut reprendre la compétition. N’ayant pas encore le statut de Sportive de Haut Niveau en 1ère année, je gère mes déplacements en compétition au mieux, mais ce n’était pas toujours simple… Heureusement, nous avons la chance d’avoir énormément de concours en Normandie, en Bretagne ou en région parisienne. Mais pour tenir le rythme, garder mon niveau, je demande à l’IÉSEG le statut de Sportive de Haut Niveau en septembre 2023, qui m’est accordé pour ma 2e année.

L’équitation, c’est en fait le seul sport qui implique un autre être vivant, doté d’une réelle sensibilité… Comment gère-t-on son cheval ?

Pour moi, le bien-être de mes chevaux passe avant tout objectif sportif. L’important c’est de préserver leur mental et leur préparation physique. J’ai d’ailleurs la chance d’avoir un système sportif très adapté à eux grâce à mes coachs Maxence et Robin, qui veillent à ce que tout soit réglé au millimètre près pour mes chevaux et moi. Ils sont d’un grand soutien, même si nous nous ne le disons pas souvent, sans eux rien de tout cela aurait été possible et c’est grâce à eux si j’en suis là aujourd’hui.

À nouveau, le système autour de Bilbao est très particulier et nous demande beaucoup de soin et de minutie, car il a un régime particulier. Et l’entrée d’un nouveau cheval au sein de mon piquet a aussi été un nouvel élan de progression sur lequel je compte beaucoup. Of Passion Van Den Dael, un hongre belge de 10 ans, m’a rejoint il y a un an. Ces deux chevaux sont ma priorité, donc l’organisation de leur quotidien aussi : les nourrir, préparer leur box, les brosser, les sortir au paddock, les entretenir physiquement…

Les chevaux sont des animaux très sensibles, qui ressentent énormément les émotions, le stress, et c’est la raison de pourquoi nous parlons de « couple » dans ce sport : le cavalier a une relation très proche, et intimiste avec son cheval. Finalement, nous sommes deux sportifs de haut niveau.

Victoire Nanot - 3

Que vous apporte, justement, ce statut de Sportif de Haut Niveau ?

Déjà, il m’apporte une réelle reconnaissance, une reconnaissance non seulement de mon niveau sportif, mais aussi et surtout de tout ce que ce sport peut m’apporter en tant qu’étudiante. La flexibilité que ce statut m’apporte dans mon emploi du temps me permet de poursuivre ma passion, mais surtout de tirer au mieux profit de tout ce que ce sport m’apprend pour ma future vie professionnelle.

J’apprends à mieux gérer mon temps, à être assidu, à me remettre en question de manière permanente et évidemment de gagner en maturité. La chose essentielle est d’avoir conscience que nous devons nous adapter à nos chevaux, pour qu’il soit dans le meilleur système de vie possible, et non l’inverse.

Mais ce que la compétition m’a le plus appris, c’est de ne jamais abandonner, de ne jamais rien lâcher. A chaque fois que j’ai rencontré des situations difficiles, que ce soit à l’IÉSEG ou ailleurs, j’ai ressorti mon mental, celui que j’ai quand je suis sur la piste. C’est ce mental qui me permet de faire la différence, de m’accrocher dans toutes les circonstances, de me battre pour réussir encore mieux qu’avant.

La vie de sportif de haut niveau, c’est un investissement-temps énorme, cela demande de faire des choix, voire des sacrifices, dans sa vie quotidienne. Qu’en a-t-il été pour vous ?

Être sportif de haut niveau, c’est complètement autre chose que de se faire belle, de monter sur son cheval, de gagner la compétition et de monter sur le podium pour recevoir la médaille ! Cela demande énormément de travail, que personne ne peut deviner tant qu’on ne le vit pas… Par exemple, quand je pars en concours, je dois préparer tout le camion, avec la nourriture des chevaux (copeaux, foin, granulés), leur équipement, ma tenue. Pendant le concours, je dois m’occuper d’eux du matin au soir, quel que soit mon état de fatigue ou ma motivation. Et en dehors des compétitions, il faut s’en occuper chaque jour, s’entraîner, les soigner, les sortir.

J’ai la chance de pouvoir rentrer à Paris et d’avoir une équipe, aux écuries, qui s’en occupe durant la semaine quand je ne suis pas là. Je profite alors vraiment de ces quelques jours pour couper ce rythme effréné, et prendre un peu de temps pour moi. Le sport de haut niveau oblige aussi à avoir une hygiène de vie irréprochable, et pour être à la hauteur le jour J, je ne peux pas me permettre de sortir avec mes amis toutes les semaines, par exemple.

Donc entre les déplacements Paris-Bretagne, les compétitions, ma condition physique et l’envie de couper, je dois faire des concessions sur ma vie personnelle, et c’est parfois délicat de le faire entendre à mes amis qui ont une tout autre vie étudiante. Heureusement, j’ai la chance d’être bien entouré par mes parents qui sont un soutien sans faille dans mon bien-être personnelle et dans la poursuite de mes objectifs équestres. Un sportif ne peut réussir que s’il est bien entouré et soutenu par ses proches, ce qui est heureusement mon cas.

Comment vous projetez-vous demain ? Vers quelle carrière souhaitez-vous vous diriger, et serez-vous toujours une sportive de haut niveau ?

Aujourd’hui comme demain, l’équitation restera toujours une passion. J’essayerais toujours d’allouer le maximum de mon temps à mes chevaux et en parallèle de la réussite de ma carrière professionnelle. J’ai aujourd’hui cette souplesse grâce à l’IÉSEG, et je compte la garder demain, tout en maintenant un équilibre sain entre ma réussite personnelle et mon sport, ce qui est le plus dur.

En termes de métier, j’ai toujours été attiré par la mode, et je rêve de devenir Directrice Artistique d’une grande maison de couture. C’est mon univers, j’adore cela, et c’est aussi pour cette raison que j’ai intégré l’IÉSEG l’année dernière : pour pouvoir intégrer le Master in Fashion Management, en partenariat avec Istituto Marangoni. Ce Master est une référence pour réussir dans ce secteur !

D’ici là, je compte bien réaliser un maximum de stages opportun pour ce milieu, de capitaliser sur un maximum d’expériences internationales, pour arriver avec de solides compétences et connaissances pour percer au mieux dans une grande maison. En parallèle, j’aimerais me lancer dans un projet entrepreneurial, qui me permettrait d’obtenir à terme cette flexibilité dont j’ai besoin au quotidien.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG