Watch Club Business School : l’association inter-écoles qui fait revivre le savoir-faire horloger
Louan DE PERETTI, étudiant en cycle master du Programme Grande École sur le campus de l’IÉSEG à Lille, est co-fondateur de Watch Club Business School. C’est après avoir effectué un stage dans l’univers du luxe et du savoir-faire français, qu’il s’est découvert une passion pour l’artisanat ancestral qu’est l’horlogerie. Cette expérience l’a conduit à explorer plus en profondeur ce milieu particulier, jusqu’à co-fonder une association inter-écoles dédiée à cette passion commune avec l’un de ses amis.
Louan, comment est née ta passion pour l’horlogerie ?
Un peu par hasard, à vrai dire. J’ai toujours apprécié les belles choses, et l’art de les fabriquer en particulier. En 2ème année de Bachelor, nous devons faire un stage en vente et j’avais participé à une session de recrutement pour la marque de luxe « Hermès », organisée par l’IÉSEG. Si le domaine du luxe n’était pas ce qui m’attirait naturellement à la base, ma sensibilité pour le savoir-faire français m’a fait m’y intéresser. Mon profil collait bien avec l’entreprise qui attache une réelle importance à la diversité sociale. A l’époque, je faisais partie du Bureau National des Etudiants en Ecoles de Management une association inter-écoles de commerce, où j’étais en charge de la diversité sociale au sein des écoles de commerce. J’ai donc été accepté en stage.
Au cours de cette expérience professionnalisante chez Hermès, j’ai beaucoup appris sur le savoir-faire français du cuir, que j’ai trouvé passionnant. Puis, on m’a positionné dans la branche “horlogerie”, où j’ai eu l’opportunité de parler avec une clientèle passionnée du secteur de l’horlogerie, et avec ce gout du détail !
Par passion pour le domaine, mais aussi pour le savoir-faire qu’incarne la maison Hermès, j’ai souhaité continuer à travailler pour l’enseigne de luxe à la suite de mon stage à Bordeaux. L’entreprise m’a offert l’opportunité de rejoindre leur boutique à Lille, afin d’y travailler en parallèle de mes études. Les échanges que j’ai eu lors de cette expérience m’ont conforté dans l’idée d’aller plus loin et de continuer avec un autre stage, en 3ème année, dans l’horlogerie, afin de déterminer si c’était vraiment mon domaine de prédilection pour la suite.
Tu t’es alors dirigé vers une petite maison d’horlogerie en Alsace…
En effet, je suis allé dans une petite maison d’horlogerie de luxe française qui s’appelle Apose. J’y ai découvert les secrets du métier, et je me suis rendu compte que j’étais vraiment passionné par ce type d’artisanat. Le fait que ce métier soit le fruit d’une longue tradition et d’un savoir-faire unique le rend particulièrement noble. De plus, cela demande beaucoup de patience et de rigueur. Ce qui m’a particulièrement marqué lors de mon stage a été de comprendre le fonctionnement du mécanisme d’une montre, et de voir que même si l’industrialisation a pu prendre le dessus, il y a un savoir ancestral que les machines ne peuvent pas reproduire. La main humaine est toujours nécessaire pour réaliser certaines choses.
J’ai consacré beaucoup de temps à me documenter, notamment sur l’histoire et la technique de l’horlogerie. C’est une pratique qui a connu un succès fulgurant suite à l’interdiction du port de bijoux par un réformateur au XVIème siècle en Suisse. Pendant les hivers où il n’y avait pas de cultures dans les champs, les paysans pratiquaient alors l’horlogerie. En visitant les sous-traitants des grandes maisons d’horlogerie suisse, on se rend compte que l’on est bien loin de l’image luxueuse et clinquante que l’on peut imaginer. C’est un monde en fait très simple, mais qui cache une vraie richesse historique.
C’est donc ta passion qui t’a poussé à co-fonder l’association Watch Club Business School ?
J’ai un ami (Paul-Antonin Chausse), étudiant d’une autre école, qui a fait un stage au Japon dans une grande maison d’horlogerie (Tag heuer). Il est, tout comme moi, passionné par ce secteur. Au fil des discussions, nous nous sommes rendu compte que dans les écoles de commerce, il y avait beaucoup de conférences sur l’audit, la finance, le luxe même, mais jamais sur le secteur de l’horlogerie en particulier. Nous voulions donc créer cette opportunité, tout en sachant qu’il n’y aurait peut-être pas suffisamment de passionnés pour remplir un amphi et organiser un événement au sein d’une même école. Sur un coup de tête, alors que j’étais en vacances aux États-Unis, mon ami m’a proposé de créer une association inter-écoles, et c’est comme cela que le “Watch Club Business School” est né.
Une semaine après avoir déposé les statuts de l’association et commencé à en faire la promotion sur les réseaux sociaux, nous étions déjà une quinzaine d’étudiants de différentes écoles inscrits ! On s’est rendu compte qu’il y avait un vif intérêt pour ce milieu : certaines personnes étaient déjà passionnées d’horlogerie, alors que d’autres étaient plus novices et plus curieuses d’en apprendre plus sur cet art.
Quel était l’objectif en créant le “Watch Club Business School” ? Que fait concrètement l’association ?
Notre objectif était de réunir un maximum d’étudiants passionnés ou intéressés par l’horlogerie., c’est pourquoi nous avons choisi une approche inter-écoles. Nous créons des événements en partenariat avec des marques, et avons aussi lancé un système d’adhésion gratuit donnant accès à une communauté divisée en groupes par ville, ainsi qu’à des annonces d’événements et à des opportunités de stage. Nous avons également mis en place un glossaire pour rendre l’horlogerie plus accessible, même aux néophytes. Nous produisons également du contenu pédagogique sur les réseaux sociaux, comme des actualités hebdomadaires sous forme de slides, et des articles variés sur l’histoire des maisons horlogères ou des montres spécifiques.
Aujourd’hui, nous avons plus de 400 adhérents dont 32 membres actifs, et nous sommes la plus grande association étudiante d’horlogerie d’Europe, avec 18 écoles de commerce représentées ! Nous avons déjà organisé 5 événements en collaboration avec des marques prestigieuses du milieu comme Baltic Watches. Et nous allons également collaborer avec TimesToWatches un salon d’horlogerie indépendante à Genève !
Quelle est votre relation avec les entreprises du secteur de l’horlogerie ?
Les entreprises ont réagi de manière très positive à nos opérations de démarchage. Elles ont vu une opportunité de communiquer auprès des étudiants sur leurs marques et leurs produits. Certaines grandes maisons d’horlogerie nous ont même contactés pour créer un vivier de talents, car elles peinent à trouver des passionnés provenant d’écoles de commerce. Les entreprises savent bien que ces étudiants passionnés ont généralement une très bonne compréhension du secteur, et que grâce à leurs études ils possèdent les compétences et les connaissances nécessaires pour évoluer au mieux sur les différentes missions (commerciales, marketing, mais aussi sur des postes de management). Ces maisons semblent en notre initiative une réponse à un besoin en ressources humaines, ce qui est extrêmement valorisant et gratifiant pour nous. Elles perçoivent aussi en notre association, la possibilité de communiquer auprès de leur future clientèle. Nous sommes donc régulièrement invités à des événements. Récemment, la marque de montres Hamilton nous a conviés à l’avant-première du film « Dune 2 », film dans lequel on peut retrouver des montres Hamilton !
Et ton rôle au sein de Watch Club Business School ?
Mon rôle, en tant que co-fondateur et co-président, est principalement de représenter l’association. Cela implique de rencontrer des entreprises, ainsi que de gérer les relations avec les écoles et autres partenaires. Ensuite, j’ai également un rôle stratégique dans la définition de notre fonctionnement, notamment en ce qui concerne notre présence sur les réseaux sociaux et la création de contenu de qualité. Cela nous permet d’établir une légitimité vis-à-vis des marques et de montrer que nous sommes sérieux dans notre démarche de collaboration.
Cette démarche stratégique se retrouve aussi sur les choix d’événements ou de collaboration que nous allons faire à l’avenir, le choix de créer une communauté d’adhérents pour fidéliser et créer un sentiment d’appartenance à nos abonnés.